Réversibilité infinie du mythe
Pour son troisième roman de la Tétralogie de la Quête, après Salone et Dix secondes et en attente de A une passante, Laurent LD Bonnet nous entraîne dans un voyage de quatre ans et une sorte de diaspora.
Celle d’un auteur, qui — suite à une émission de télévision — se voit appeler par une mystérieuse femme d’une île lointaine et qui semble l’avoir compris.
Il en est bouleversé et nous le suivons dans sa quête de l’élue qui l’élit. Chaque moment du livre reflète tous les autres dans une suite d’évènements.
Ils se reflètent et se rassemblent comme répercutés à l’infini et dans une multiplicité de miroirs hors feu (enfin presque), hors loi (idem) tel un Pierrot parfois lunaire, parfois lunatique.
Chacun devient l’écho des autres à la façon d’une immense monade. Il est rare de rencontrer un semblable livre.
S’y concentre une réflexion simultanée de toutes ses parties. Elles s’y manifestent dans son langage.
Ce qui frappe, c’est la réversibilité infinie d’un mythe dans une telle nouvelle catégorie là où, pour être, il faut en passer parfois par des pépins phosphorescents. Tout s’unit et s’échange avec tout.
Tout verse dans tout jusqu’à créer un chaos raisonnable. Un chaos pénétré lui-même dans cette diffraction cohérente.
Un chaos à la puissance seconde ou infinie. Dans une belle économie du monde par celui qui vient mettre au clou sa propre vie mais qui, soudai,n grâce à ses rencontres n’a plus peur de mourir dans des archipels démâtés.
jean-paul gavard-perret
Laurent LD Bonnet, Le dernier Ulysse, éditions Les défricheurs, 2021, 472 p.