A défaut d’être terrestres extras
Dans la lignée du de Lucrèce, entre littérature et science, les textes de Terzaghi explorent des sujets tels que la pluie, le sectionnement des lombrics : ” Si le premier lombric s’appelait Giovanni, comment peuvent bien s’appeler les deux derniers? Giò et Vanni, ou Luigi et Antonio ? Surtout, la question qui se pose est de savoir combien de fois le jeu peut être répété. Que se passe-t-il si on coupe aussi en deux le Luigi et l’Antonio et leurs futurs rejetons ? Je me souviens que pour moi la question du sectionnement des lombrics était devenue une idée fixe”.
Chaque anecdote devient une réflexion philosophique où transparaissent des écrivains et artistes (Robert Walser, Danilo Kiš, Francis Ponge, etc.) . Le tout avec une ironie qui permet de réviser nos visions souvent myopes.
Et ce, de la part de celui qui adore la pluie : “j’aime qu’elle soit si terrestre ! Sur la Lune, c’est le soleil qui tape, non pas la pluie, pas non plus sur les autres planètes du système solaire”.
Dès lors, “Si un Martien trébuchait sur un parapluie, il est peu probable qu’il en devinerait la fonction originaire, non, il le prendrait plutôt pour un instrument de musique ou pour une sculpture pliable”. Cela évoque pour l’auteur Giacometti, la tête rentrée dans les épaules, l’imperméable tiré par-dessus la tête, en cloche, tandis qu’il traverse une avenue parisienne brillante de pluie”, photo de Cartier-Bresson.
Cela fait de lui, de l’auteur et de nous des extra-terrestres à défaut d’être terrestres extras. C’est certainement rassurant.
De telles présentations fondent une éternelle hésitation du plus bel effet.
jean-paul gavard-perret
Matteo Terzaghi, La Terre et son satellite, traduit de l’italien (Tessin), La Baconnière, Genève, 2022, 112 p. — 16, 00 € / 19 CHF.