François Noudelmann, à partir des chaînes de la généalogie crée son premier roman pour inscrire de manière plus intime son rapport au monde.
S’intéressant à sa famille, l’auteur montre que nul n’en maîtrise les existences — même si l’auteur a fouillé les documents familiaux comme celui d’un asile psychiatrique où son grand-père fut enfermé.
Mais l’auteur n’échappe pas à l’imaginaire pour se dégager de l’autofiction et ce, en trois différents modes narratifs et d’itinéraires : il, tu, je. Existe néanmoins une linéarité dans la question du nom et de générations en générations.
Cela à partir du grand-père lithuanien et analphabète de la communauté juive qui file vers l’ouest dans le désir d’appartenance à la nationalité française.
Noudelmann non seulement raconte ce qui est s’est passé pendant la guerre mais aussi à Saint Anne en divers moments de violence. Jusqu’ensuite dans la petite ville de Cadillac où le grand père “mutilé du cerveau” est mort en 1941 lors de “l’hécatombe des fous”.
Ce roman enquête ouvre tout un monde étrange plein d’histoires tragiques de tous ces “enfants” de Cadillac et d’ailleurs. Il ouvre sur des terrains incroyables et des marges au nom du grand-père mais aussi du père trotskyste qui redécouvre sa judéité lors de cinq années de survie en Pologne nazifiée.
Le “tu” de la “ventriloquie” permet de ne pas se mettre à sa place, tout en préservant empathie et distance dans le travail de remémoration du fils. Et ce, avant de finir son récit à travers la littérature populaire des Pieds Nickelés mais aussi Jack London, premier contact avec la “vraie” littérature. L’ensemble crée une sensibilité particulière de ce que l’auteur nomme un “prédicat juif” qui s’étend à tout état de migration.
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jean-paul gavard-perret
François Noudelmann, Les enfants de Cadillac, Gallimard, 2021, 224 p.