Harry Hole est un excellent flic à la vie personnelle très chaotique. Il est alcoolique, dépressif, tâte de drogues. Il a espéré trouver une certaine stabilité en épousant Rakel, une jeune mère célibataire. Mais combattre ses démons est toujours difficile. Il faut une solide motivation pour vaincre des addictions.
Le romancier dépeint la descente aux enfers de son héros, sa détresse. D’abord obligé de vivre sans cette femme qui est tout pour lui, il doit surmonter sa mort et se battre pour prouver qu’il n’est pas l’assassin présumé. Car, pour la police, c’est le mari rejeté par la victime de meurtre qui parle des menaces de Svein Finne.
Un vieil homme, atteint d’aphasie regarde le fond de la rivière grâce à une caméra sous-marine. Il voit une robe de femme retenue par une branche quand un client, qu’il reconnaît, vient acheter une caméra au prétexte qu’un ours rôde près de son chalet.
Svein Finne terrorise une femme, lui promettant que cela va aller vite, un couteau dans le ventre et ce sera fini.
La vie privée d’Harry Hole est partie à la dérive depuis que Rakel Fauke, la femme de sa vie, l’a jeté dehors. Il se réveille très difficilement d’une cuite carabinée, sans aucun souvenir de ce qu’il a pu faire précédemment. Alors qu’il veut saisir une bouteille, il regarde sa main en sang, un sang qui n’est pas le sien.
C’est le compagnon de Katrine Bratt, la directrice de la brigade, qui l’a ramené chez lui. Sans argent pour boire, il va quémander quelques monnaies auprès de sa responsable. Il se plaint de n’avoir que des enquêtes dignes d’un débutant depuis qu’il a été réintégré dans la police criminelle. Il demande à Katrine de lui donner l’enquête Finne car il est persuadé que c’est lui l’auteur des trois meurtres récents. De plus, il a reçu des menaces pour lui et pour Rakel. Katrine ne cède pas.
Mais, quand on lui apprend que Rakel a été assassinée à coups de couteau…
L’auteur fait porter son récit par une troupe de personnages aux profils psychologiques approfondis, en proie à des épreuves psychiques et métaphysiques. Il dénonce avec force les violences faites aux femmes, ces mauvais traitements tant physiques que psychologiques. Par contre, pour la douzième apparition de son héros, il ne le ménage pas. Le romancier le place dans des situations très difficiles à vivre, le poussant presque au suicide, à frôler la mort. C’est la mise en place du neuvième cercle des enfers de Dante.
Il construit autour de ce pauvre Harry Hole une intrigue plus que réussie, jonglant avec les fausses pistes et les vrais indices, les péripéties et les coups de théâtre nombreux jusqu’à un dénouement magnifiquement orchestré.
Jo Nesbø fait preuve d’un esprit très méticuleux, voulant être le plus descriptif possible, donnant un avalanche de détails sur tous les domaines qu’il aborde qu’ils soient policiers, populaires ou privés. Ainsi, il se mue en guide touristique, précisant les parcours, les lieux, les monuments et autres éléments constitutifs de la ville d’Oslo et de ses environs.
Avec Le couteau, ce nouveau roman, Jo Nesbø fait montre de son immense talent d’auteur et offre une histoire difficile à lâcher même si le présent volume compte 688 pages.
serge perraud
Jo Nesbø, Le couteau (KNIV), traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, Folio, coll. “Folio policier” n° 940, septembre 2021, 688 p. – 9,70 €.