Celle qui fut cadreuse et directrice de la photographie dans le cinéma commença en parallèle une carrière de photographe en 1993. Elle arrête en 2008 son premier travail pour se consacrer à cette nouvelle recherche. Son univers nocturne est inspiré par Georges Bataille, Rodin, Géricault et récemment par La Divine Comédie de Dante avant un retour à Lautréamont.
Fidèle à ses premières expériences cinématographiques, le mouvement n’est jamais absent de ses créations focalisées sur le corps humain mis à nu dans l’impensable fascinant d’une forme de “vie passante”.
Dans sa dernière exposition sur Dante comme dans sa lecture de Maldoror, les fragments dont la lueur nous inquiète gravitent sans fin dans le souvenir de la beauté. Même les mots du poème — mots de douleur et d’horreur entre tous — sont dépassés par celle qui crée la danse du désir coupable en une geste obscure dans la fabuleuse tension des formes.
Dante comme Lautréamont lui permet de se plonger dans les tréfonds obscurs de sa nature profonde, vie et mort liées, entre Eros et Thanatos. La fluidité de ses mises en scènes multipliées par le numérique lui permet de s’aventurer dans des territoires inexplorés.
Tout chez Elisabeth Prouvost est à la fois dense et léger. La fébrilité est là mais toujours mise à distance. L’effet laisse le regardeur abasourdi et sonné.
Existe autant une proximité qu’un éloignement là où la surface est sans cesse picturalement travaillée et plus chargée de miasmes obscurs que d’un appel du désir là où joue la cristallisation d’une sorte de lumière noire aux contraintes prégnantes dans les jeux de la chair, ses élévations et ses abîmes.
jean-paul gavard-perret
Elizabeth Prouvost,
- Prouvost/Maldoror, Le Tetras Lyre, Liège, 2021, 96 p. — 18,00 €.,
– Una Commedia Attuale, Galerie 24b Paris jusqu’au 21 nouvembre, Bibliothèque Ceccano – Avignon, du 1er Du 3 novembre 2021 au 29 janvier 2022.