Arsenic sans dentelles
Des fleurs subtiles que sont les femmes secrètes et séductrices, Gilles Berquet rassemble le lustre de la nudité.
C’est une façon d’exprimer le décalage du monde avec ce que devrait être la vraie vie.
L’érotisme devient une forme de résistance selon une perspective très précise : le photographe place la jouissance non au cœur même de l’émeute, mais dans les temps morts afin que l’érotisme conserve un pouvoir subversif puissant et discret.
Preuve que la photographie dite érotique permet d’attaquer les normes et les contraintes sociales pour renouveler la réflexion sur le féminin.
Pas question pour autant de fusion entre l’artiste et son modèle. Ciel et sel cohabitent pour que se mixent des forces telluriques ou ailées. Dans l’impeccabilité des prises, la promesse de lumière jouxte l’obscur.
La peau semble celle des songes où le corps reste néanmoins opaque - même s’y l’angoisse s’y dissout.
S’impose le pouvoir d’étrangeté d’une poésie visuelle où parfois des sortes d’anachronismes font le jeu d’une science-fiction de l’amour. Cette dernière éloigne du romantisme de la ruine ou de la chute.
Cela évite aussi d’entrer dans la nostalgie comme compte à rebours. Surgissent des aubes berceuses en un labyrinthe oculaire enlacé.
Et par effet de surface apparaissent des profondeurs cachées.
jean-paul gavard-perret
Gilles Berquet, La tentation d’exister, Arsenic Galerie, Paris, du 11 novembre au 11 décembre 2021.
Vos mots sur leurs peaux. Complément d’objet indirect mais si juste.