Une approche novatrice de la biographie
2021 correspond au centenaire de la naissance du poète sétois et aux quarante ans de son décès. C’est l’occasion de trouver nombre de biographies, de documentaires, d’émissions sur ce grand poète et de tomber sur des pépites.
C’est le cas du présent livre où l’auteur tente de percer le mystère Brassens, de chercher ce qui l’a inspiré pour construire cette œuvre magistrale, de retracer la genèse de quelques trente-quatre chansons, de succès à des textes plus confidentiels.
Ce sont souvent des événements vécus, des anecdotes rapportées, des lectures, surtout de recueils de poèmes dégotés chez des bouquinistes, qui enclenchent le processus créatif, que Georges Brassens laisse murir lentement.
Certes, si ce recueil s’ouvre avec La Mauvaise réputation, inspirée de faits de jeunesse, il comprend aussi Le Blason, une ode au sexe féminin enregistrée sur l’album Fernande en 1972. Ce texte prend naissance dans un poème de Clément Marot, un poète né aux alentours de 1496 qui, en exil, compose Le Blason du Beau Tétin, une première dans la poésie médiévale.
Georges présente la chanson en exclusivité à Bobino sous le titre Révérence parler. Mais elle ne convainc personne. Il la retravaille, change la musique et propose, quelques mois plus tard, Le Blason, qui est devenu un texte de référence, une des plus magnifiques odes au sexe féminin.
C’est la rencontre avec une jeune fille mythomane qui va lui faire écrire Une jolie fleur, P… de toi et Le Mauvais Sujet repenti. C’est l’appel de l’abbé Pierre en cet hiver 1953 qui interpelle Georges et va le pousser à écrire en trois heures, lui qui met plusieurs semaines pour polir un texte, Chanson pour l’Auvergnat, un hymne fantastique à la bonté.
Même s’il a l’allure d’un colosse, Georges Brassens est quelqu’un de réservé, voire timide. Il doit se faire violence pour venir chanter devant un public. Après plusieurs échecs auprès de cabarets, il arrive, poussé par quelques connaissances, chez Patachou qui a un coup de cœur pour ses chansons. Elle le fait passer en seconde partie. Or celui-ci ne veut chanter que si elle apporte une chaise et s’installe au premier rang. Il aura ce “caprice” pendant six mois.
Jacques Grello, un chansonnier célèbre, lui donne sa première guitare et le pousse à se produire avec plutôt qu’un accompagnement au piano.
Ce livre est bourré d’anecdotes sur le parcours de l’homme, sur celui du poète, sur la conception et le cheminement de ses chansons. Thomas Chaline évoque aussi les enregistrements, les évolutions des textes, les reprises plus ou moins heureuses d’autres chanteurs.
Brassens — Une vie en chansons est une mine de renseignements qui se lit avec voracité tant l’écriture est limpide et les sujets abordés passionnants.
C’est une biographie dont l’entrée est faite par les pièces marquantes de l’œuvre de ce sacré bonhomme.
serge perraud
Thomas Chaline, Brassens — Une vie en chansons, Hugo, coll. “Doc”, octobre 2021, 208 p. – 16,95 €.