Thomas Chaline, Brassens — Une vie en chansons

Une approche nova­trice de la biographie 

2021 cor­res­pond au cen­te­naire de la nais­sance du poète sétois et aux qua­rante ans de son décès. C’est l’occasion de trou­ver nombre de bio­gra­phies, de docu­men­taires, d’émissions sur ce grand poète et de tom­ber sur des pépites.
C’est le cas du pré­sent livre où l’auteur tente de per­cer le mys­tère Bras­sens, de cher­cher ce qui l’a ins­piré pour construire cette œuvre magis­trale, de retra­cer la genèse de quelques trente-quatre chan­sons, de suc­cès à des textes plus confidentiels.

Ce sont sou­vent des évé­ne­ments vécus, des anec­dotes rap­por­tées, des lec­tures, sur­tout de recueils de poèmes dégo­tés chez des bou­qui­nistes, qui enclenchent le pro­ces­sus créa­tif, que Georges Bras­sens laisse murir len­te­ment.
Certes, si ce recueil s’ouvre avec La Mau­vaise répu­ta­tion, ins­pi­rée de faits de jeu­nesse, il com­prend aussi Le Bla­son, une ode au sexe fémi­nin enre­gis­trée sur l’album Fer­nande en 1972. Ce texte prend nais­sance dans un poème de Clé­ment Marot, un poète né aux alen­tours de 1496 qui, en exil, com­pose Le Bla­son du Beau Tétin, une pre­mière dans la poé­sie médiévale.

Georges pré­sente la chan­son en exclu­si­vité à Bobino sous le titre Révé­rence par­ler. Mais elle ne convainc per­sonne. Il la retra­vaille, change la musique et pro­pose, quelques mois plus tard, Le Bla­son, qui est devenu un texte de réfé­rence, une des plus magni­fiques odes au sexe fémi­nin.
C’est la ren­contre avec une jeune fille mytho­mane qui va lui faire écrire Une jolie fleur, P… de toi et Le Mau­vais Sujet repenti. C’est l’appel de l’abbé Pierre en cet hiver 1953 qui inter­pelle Georges et va le pous­ser à écrire en trois heures, lui qui met plu­sieurs semaines pour polir un texte, Chan­son pour l’Auvergnat, un hymne fan­tas­tique à la bonté.

Même s’il a l’allure d’un colosse, Georges Bras­sens est quelqu’un de réservé, voire timide. Il doit se faire vio­lence pour venir chan­ter devant un public. Après plu­sieurs échecs auprès de caba­rets, il arrive, poussé par quelques connais­sances, chez Pata­chou qui a un coup de cœur pour ses chan­sons. Elle le fait pas­ser en seconde par­tie. Or celui-ci ne veut chan­ter que si elle apporte une chaise et s’installe au pre­mier rang. Il aura ce “caprice” pen­dant six mois.
Jacques Grello, un chan­son­nier célèbre, lui donne sa pre­mière gui­tare et le pousse à se pro­duire avec plu­tôt qu’un accom­pa­gne­ment au piano.

Ce livre est bourré d’anecdotes sur le par­cours de l’homme, sur celui du poète, sur la concep­tion et le che­mi­ne­ment de ses chan­sons. Tho­mas Cha­line évoque aussi les enre­gis­tre­ments, les évo­lu­tions des textes, les reprises plus ou moins heu­reuses d’autres chan­teurs.
Bras­sens — Une vie en chan­sons est une mine de ren­sei­gne­ments qui se lit avec vora­cité tant l’écriture est lim­pide et les sujets abor­dés passionnants.

C’est une bio­gra­phie dont l’entrée est faite par les pièces mar­quantes de l’œuvre de ce sacré bonhomme.

serge per­raud

Tho­mas Cha­line, Bras­sens — Une vie en chan­sons, Hugo, coll. “Doc”, octobre 2021, 208 p. – 16,95 €.

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