Une écriture qui manque de défi
Poète reconnu, Guennadi Aïgui, fidèle au sens précis, est indifférent à l’égard de ce qui est spécifiquement poétique. Sauf lorsqu’il s’agit de lyrisme.
Mais ce qui n’est sans doute pas la meilleure part du poétique : “Tous les élégiaques sont des canailles” disait Baudelaire.
Certes, le poète russe n’en est pas une. Bien au contraire.
Mais, par un vent d’est, ce qui vient ici s’allonge en une sélection de poèmes-messages qui spéculent sur leur valeur de thèse.
Existe de fait un contenu probant de vérités. Mais il manque de force spécifiquement poétique. Ici la langue ne s’ incarne pas dans la réinvention de ce que Lacan nomma une “motérialisation”.
Bref, le “geste” poétique mobilise peu de singularité.
Entre continu et discontinu, la forme ne prend pas suffisamment une certaine dose de possible sinon en une déclarativité, une pensée formulée, voir discursive, même si lacunaire.
L’affleurement des obscurités qui sont la trace de l’impossible ou les effets en lui d’un silence de la pensée sont trop rares.
Si bien qu’une telle écriture, quoique sincère, manque de défi.
jean-paul gavard-perret
Guennadi Aïgui, Toujours plus autrement sur terre, Atelier de l’Agneau, St-Quentin-de-Caplong, octobre 2021, 128 p. — 20,00 €.