Olivier Poncet, Mazarin. L’art de gouverner

L’autre car­di­nal

Il est l’autre car­di­nal. L’Italien, par­rain de Louis XIV, prin­ci­pal ministre de la régence, cible de pam­phlets aux­quels il donna son nom, der­nier archi­tecte de la construc­tion de la monar­chie abso­lue.
Giu­lio Maza­rini qui fran­cisa son patro­nyme en Mazarin.

Olivier Pon­cet, déjà auteur d’une remar­quable étude sur ses liens avec Rome, nous offre une pas­sion­nante bio­gra­phie, dans la col­lec­tion” Biblio­thèque des illustres” des édi­tions Per­rin, enri­chi d’une ico­no­gra­phie superbe pui­sée dans les tré­sors de la Biblio­thèque natio­nale de France. Avec un style élé­gant et clair qui rend la lec­ture très acces­sible, il retrace le par­cours de cet homme d’Etat, né romain (cet héri­tage devait le suivre toute sa vie), et qui appris la poli­tique dans les arcanes de la diplo­ma­tie pon­ti­fi­cale.
Une fois repéré par Riche­lieu, sa car­rière au ser­vice du roi de France prit son envol.

La com­pa­rai­son avec le grand car­di­nal est inévi­table. Il appa­raît évident qu’il existe un art de gou­ver­ner propre à Maza­rin, moins impla­cable et plus rusé, plus ouvert aux mar­chan­dages et moins porté aux ques­tions reli­gieuses et théo­lo­giques mais qui lui per­mit, à lui aussi, de se rendre indis­pen­sable à la Cou­ronne de France. C’est très clair avec la Fronde qu’Olivier Pon­cet réus­sit à rendre intel­li­gible !
Mais il fut aussi le grand négo­cia­teur de la paix de West­pha­lie et de celle avec l’Espagne, véri­table chef d’œuvre diplo­ma­tique qu’il légua à son filleul dont il avait assuré l’éducation politique.

Enfin, le livre rend compte avec minu­tie du tra­vail de mécé­nat de Maza­rin, trop sou­vent sous-estimé et dont Paris et ses musées portent encore les traces. Et que dire de son immense for­tune accu­mu­lée grâce à des talents qu’on peut qua­li­fier d’affairiste et qu’il dut quit­ter à regret au moment de mou­rir ! « Somme énorme, indé­cente, incroyable. Elle n’a pas sa pareille sous l’Ancien régime » nous affirme l’auteur.
Et en effet, elle en dit long sur ce per­son­nage enivré d’ambition pour lui, pour sa famille et pour son jeune roi.

« Je meurs content » dit-il avant de quit­ter ce bas monde. Il pou­vait l’être.

fré­dé­ric le moal

Oli­vier Pon­cet, Maza­rin. L’art de gou­ver­ner, Perrin-Bibliothèque natio­nale de France, octobre 2021, 256 p. — 24,00 €.

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