Tout devient parfois presque surréaliste
David Godlis est l’un des photographes de rue les plus importants de sa génération. Il reste connu pour ses photographies de la scène punk de New York au milieu des années 1970. Ses photos sont prises à la lumière naturelle avec de longues expositions.
Et cette technique lui permit d’obtenir des photographies en noir et blanc emblématiques.
Pendant près de 50 ans, Godlis en promeneur attentif a saisi le quotidien avec humour et pathétique. Son livre Godlis Streets est devenu une célébration du passé de New York et de Boston.
Son nouveau livre de photographies des rues de Miami des années 1970 est le résultat d’un voyage de dix jours en Floride qu’il avait fréquentée une décennie plus tôt lorsqu’il était enfant.
Pour un enfant en visite dans les années 1950 et au début des années 1960, c’était comme dit-il pénétrer dans “un Disneyland juif” et revenu à Miami Beach, ces souvenirs ont rejailli. Il a saisi une zone d’hôtels art déco et une enclave de retraités juifs avec des retraités vêtus de leurs plus belles tenues de plage, jouant aux cartes en plein soleil, sous les palmiers.
Les photographies sont parsemées de signes humoristiques de l’époque, de chiens minuscules et manucurés, d’horribles lunettes de soleil œil ou encore une pharmacie offrant la prise de tension artérielle à prix réduit. Tout devient parfois presque surréaliste.
Godlis captura sans le savoir la fin d’une ère. Le moment entre le Miami qu’il connut enfant et une métropole qui devint luxueuse et people. Il y découvrit aussi son langage photographique : “Tout ce que j’ai fait pendant ces dix jours à Miami Beach a fonctionné pour moi. Je l’ai reconnu tout de suite. Et je le fais depuis.“
Aux retraités juifs allaient succéder les punks du CBGB de New York.
jean-paul gavard-perret
David Godlis, Godlis Miami, Reel Art Press, 2021, 128 p.