Les textes qui forment le cahier Expérience ont été conçus pour la publication virtuelle sur la Toile. Ils sont donc un exercice de la vélocité, au présent. Cela n’enlève en rien le travail de reconstruction du livret depuis le manuscrit, réservé exclusivement au Web. J’ai pensé que cette aventure littéraire en ligne se rapprocherait peut-être de l’écriture de Pacific 231, sorte de calque de la musique savante sur un objet de la modernité, ici dans le sens inverse, créée pour, vers une technologie comme support.
Je travaille donc au fur et à mesure pour livrer ces textes, qui sont des points de vue parfois abstraits sur ma connaissance du monde.
Aujourd’hui je sens dans mon cœur
Un vague frisson d’étoiles
Garcia-Lorca
Je connais l’endroit où se produit l’échange spirituel, lieu d’étoiles, vêture, cape des constellations. Ce monde-là est cosmologique, céleste plutôt que mythique.
Il est partagé entre le cœur, l’intelligence de l’esprit ou encore le corps, où l’âme s’inscrit. Je sais voir dans ce prisme.
Il suffit d’accueillir. Ou d’être accueilli.
Intellection, pâmoison des cœurs, union des âmes, et cela dans un corps-à-corps incessant, car le corps intercède, produit la présence de soi et n’est pas gazeux, mais cristallin.
Clarté. Écoute.
Comment juger des signes nombreux de l’au-delà ?
Moi, je n’ai que l’image. Mon vocabulaire est petit, resserré sur quelques tropes, des idées simples, voire des non-sens pertinents.
Quoi qu’il en soit je n’aime pas le langage : je le trouve peu digne de porter les stigmates d’une réflexion, car il est toujours incertain, toujours failli, toujours inadéquat, même si parfois dans sa trahison, il est le meilleur.
En ce sens l’obscurité me va.
J’aime être épaulé par un mystère, une énigme propre à danser dans l’expression écrite.
Le temps, l’angoisse, la vérité, la certitude de la foi.
Comment pourrais-je écrire sans ces figures élémentaires, qui se désignent par le langage et qui survivent toujours à l’ossification de l’écriture, restent plus riches, plus profuses que n’importe quel poème ?
Après ? Que sais-je ?
Spectre de l’écriture, qui comme échange avec la réalité est tout à fait plus large, mais par là même jamais tout à fait précis, comme un vêtement trop large que l’on n’arrive pas à ajuster.
En tout cas, je ne peux vivre sans cette approximation. Ligne claire entre la signification et l’objet signifié.
Étrange monde que pointe l’énigme.
didier ayres