Didier Ayres, Cahier Expérience, 13

Les textes qui forment le cahier Expé­rience ont été conçus pour la publi­ca­tion vir­tuelle sur la Toile. Ils sont donc un exer­cice de la vélo­cité, au pré­sent. Cela n’enlève en rien le tra­vail de recons­truc­tion du livret depuis le manus­crit, réservé exclu­si­ve­ment au Web. J’ai pensé que cette aven­ture litté­raire en ligne se rap­pro­che­rait peut-être de l’écriture de Paci­fic 231, sorte de calque de la musique savante sur un objet de la moder­nité, ici dans le sens inverse, créée pour, vers une tech­no­lo­gie comme sup­port.
Je tra­vaille donc au fur et à mesure pour livrer ces textes, qui sont des points de vue par­fois abs­traits sur ma connais­sance du monde.

 

Aujourd’hui je sens dans mon cœur

Un vague fris­son d’étoiles

Garcia-Lorca

 

Je connais l’endroit où se pro­duit l’échange spi­ri­tuel, lieu d’étoiles, vêture, cape des constel­la­tions. Ce monde-là est cos­mo­lo­gique, céleste plu­tôt que mythique.
Il est par­tagé entre le cœur, l’intelligence de l’esprit ou encore le corps, où l’âme s’inscrit. Je sais voir dans ce prisme.

Il suf­fit d’accueillir. Ou d’être accueilli.
Intel­lec­tion, pâmoi­son des cœurs, union des âmes, et cela dans un corps-à-corps inces­sant, car le corps inter­cède, pro­duit la pré­sence de soi et n’est pas gazeux, mais cristallin.

Clarté. Écoute.

Com­ment juger des signes nom­breux de l’au-delà ?

Moi, je n’ai que l’image. Mon voca­bu­laire est petit, res­serré sur quelques tropes, des idées simples, voire des non-sens per­ti­nents.
Quoi qu’il en soit je n’aime pas le lan­gage : je le trouve peu digne de por­ter les stig­mates d’une réflexion, car il est tou­jours incer­tain, tou­jours failli, tou­jours inadé­quat, même si par­fois dans sa tra­hi­son, il est le meilleur.

En ce sens l’obscurité me va.
J’aime être épaulé par un mys­tère, une énigme propre à dan­ser dans l’expression écrite.

Le temps, l’angoisse, la vérité, la cer­ti­tude de la foi.
Com­ment pourrais-je écrire sans ces figures élé­men­taires, qui se dési­gnent par le lan­gage et qui sur­vivent tou­jours à l’ossification de l’écriture, res­tent plus riches, plus pro­fuses que n’importe quel poème ?

Après ? Que sais-je ?

Spectre de l’écriture, qui comme échange avec la réa­lité est tout à fait plus large, mais par là même jamais tout à fait pré­cis, comme un vête­ment trop large que l’on n’arrive pas à ajus­ter.
En tout cas, je ne peux vivre sans cette approxi­ma­tion. Ligne claire entre la signi­fi­ca­tion et l’objet signifié.

Étrange monde que pointe l’énigme. 

didier ayres

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