Les textes qui forment le cahier Expérience ont été conçus pour la publication virtuelle sur la Toile. Ils sont donc un exercice de la vélocité, au présent. Cela n’enlève en rien le travail de reconstruction du livret depuis le manuscrit, réservé exclusivement au Web. J’ai pensé que cette aventure littéraire en ligne se rapprocherait peut-être de l’écriture de Pacific 231, sorte de calque de la musique savante sur un objet de la modernité, ici dans le sens inverse, créée pour, vers une technologie comme support.
Je travaille donc au fur et à mesure pour livrer ces textes, qui sont des points de vue parfois abstraits sur ma connaissance du monde.
Je chante le soi-même, une simple personne séparée
Walt Whitman
La page, le rectangle, l’attente, la physique des mots, la pensée se développant, l’ambiguïté naturelle du langage, syntaxe, paradigme, lutter, rechercher, aller. Est-ce là vérité universelle ?
Est-ce là force en soi-même, en moi-même comme image de lutte, celle qui me pousse à m’étudier ? Lutter, oui.
Tout message est tributaire de l’endroit et du moment où il va vers le lecteur, à cet instant précis. Voix. Échange de propos.
Et exactement : une communication qui se diffère, se reproduit dans l’actualité du liseur.
C’est sans doute répondre à l’angoisse, faire front. Cela me sépare de mon anxiété. L’idée de la mort qui me transforme, chaque jour, devant elle, avec elle.
Je crois que j’ai profité de l’idée de la mort pour en dresser les contours et contrecarrer philosophiquement cette terrible inquiétude.
Désormais, je connais une vérité, une seule peut-être : nudité, nudité de ce qui reste quand l’individu n’a plus rien, est exempt de toutes les fausses vérités, des mensonges.
Donc : ce qui reste.
Deux lectures : l’une profane – celle de toute fiction – et l’autre sacrée – ascensionnelle, certitude sans preuve.
Je suis souvent à vif, intrigué par mes pensées, par ce décours sans cesse où se comptabilisent les voix intérieures, elles aussi sans preuve – refuge, lieu de la vérité, de la certitude – image du soleil qui est peut-être dans sa nature, profondément vide.
Le monde matériel se juge par l’esprit, par ce qui le déborde.
J’oscille, je bascule, je suis étreint, je vais.
Partage.
Aller jusqu’en des cercles de feu, au milieu de ma personne. Moments doubles : exister et se savoir exister.
Être et ne pas être.
didier ayres