Casser les paradigmes du temps
Parce qu’il ne se contente pas de rêver mais qu’il représente le rêve comme nostalgie, l’idéal comme souvenir, le futur comme passé, Cees Noteboom à travers L’Oeil du moine embrasse le monde et son au-delà selon la motion répétitive qui dirige poèmes.
Car s’il est encyclopédiste, l’auteur se veut iconoclaste capable de converser avec l’univers sous ses diverses formes.
La mentalisation de telles œuvres ne tue par pour autant l’émotion hantée par l’absence. Des motifs abstractifs ou propositions plus représentatives surgissent des hallucinations dans lesquels le système des images est transformé en un lynchage optique de leurs signes.
Au besoin, le Néerlandais nous fait guigner de l’autre côté de l’Achéron sans nous obliger au passage à l’acte même si les ferries sont toujours prêts au départ.
Cees Nooteboom sait aussi faire rire en extrayant de la monumentalité et la gravité de ses œuvres des murs de signaux obviés. D’où l’apparition d’espaces scéniques poétiques où tout se mélange en fable optique.
Se crée une nouvelle épistémologie dotée d’’enchaînements ou de structures intempestives propre à casser les paradigmes du temps.
jean-paul gavard-perret
Cees Nooteboom, L’oeil du moine suivi de Adieu, traduit du néerlandais par Philippe Noble, Actes Sud, Paris, 2021, 112 p. — 14,50 €.