Jacques Richard fait partie des poètes de l’existence qui ne se laissent pas abattre. Même si le premier temps du triptyque et qui donne le titre au livre semble prouver le contraire. L’auteur sait torturer ce qui mine avec humour et alacrité.
Celui et celle d’un “idiot” et qui dit à sa nue de nuée tout ce qu’il reste à quand même l’amour souffrirait-il de certains malentendus que le poète rapporte là où les textes valsent.
Si bien ce qui est cendres, théories ou ombres se retrouve soumis à une pulsion génératrice de tout ce qui n’est pas platitude ou ennui. Jacques Richard se moque de la poésie descriptive ou pittoresque, les décors rococos ne sont pas de son fait.
Le chemin des syllabes passent par une gorge qui se laisse voir, un ventre qui se laisse caresser et un coeur qui s’abandonne.
Le temps ne fait sinon rien du moins peu à l’affaire. Le “ça” parle frémit et donne à la langue “lalangue” chère à Lacan. Tout devient mouvements, et là où pouvait s’allonger une plainte deux corps la remplacent, s’ajoutent l’un à l’autre pour le chant des amours qui demeurent encore et toujours sursis et survivance dès que les peaux frémissent dans l’ombre et la nuit.
Preuve que le “rien” est un tout à qui sait le placer.
jean-paul gavard-perret
Jacques Richard, Sur rien mes lèvres, Le Cormier, Bruxelles, 2021, 58 p. — 14,00 €.
Excellentissime !
Jacques offre un chemin particulier des syllabes . ORAN fut le creuset d’un chant que JPGP a bien analysé .
Merci J-P. Gavard-Perret de cette belle recension… et d’être un si fidèle lecteur de mes écrits.