Hélène Peytavi, Le Cavalier bleu

Recou­vrir, c’est ouvrir

Au simu­lacre des affa­bu­la­teurs se sub­sti­tue ici une ges­tuelle puis­sante. Elle crée à tra­vers le corps même de l’artiste une suite de pré­sences créées en jux­ta­po­si­tion et en plon­gée.
Cela devient l’expérience sin­gu­lière d’une vision inté­rieure en une pous­sée aussi céleste, océane que ter­restre. Le bleu réclame la lumière de l’existence.

Il est comme cette der­nière opaque, mais par son redou­ble­ment la trans­pa­rence suit. La pein­ture passe des yeux des morts à ceux des vivants. Son injonc­tion emporte même si son sup­port reste par­fois appa­rent car elle-même est sup­port. Son épais­seur est de l’ordre de la taie.
Elle enfouit. C’est pour­quoi, à qui ne veut pas voir elle ne peut don­ner à voir (en plus belle fille du monde, elle ne peut donner…).

Mais sou­dain la force parié­tale des formes et la cou­leur fait tenir le regard, là où rien n’est enclos ou à sa “juste” place. Le voyeur lui aussi est saisi de bou­geotte : il est non devant mais des­sus et des­sous.
Preuve que, pour Hélène Pey­tavi, recou­vrir c’est ouvrir.

Au sein de telles figures mas­cu­lines, fémi­nines, érup­tives aussi figu­ra­tives qu’abstraites un étrange bal­let d’images fixes a lieu. Par ses gestes, Helène Pey­ta­vit offre des images sen­sibles contre les refou­le­ments.
Grâce à de tels corps, l’artiste donne exis­tence à ce qui n’en a pas ou qui en a trop : la pas­sion, le désir.

Preuve que la vraie pein­ture pri­mi­tive est tout sauf un simu­lacre ou un exer­cice de style.

jean-paul gavard-perret

Hélène Pey­tavi, Le Cava­lier bleu, édi­tions “col­lec­tion .379.n”, Réseau Lora, Centre Pompidou-Metz, 2021.

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