Les textes qui forment le cahier Expérience ont été conçus pour la publication virtuelle sur la Toile. Ils sont donc un exercice de la vélocité, au présent. Cela n’enlève en rien le travail de reconstruction du livret depuis le manuscrit, réservé exclusivement au Web. J’ai pensé que cette aventure littéraire en ligne se rapprocherait peut-être de l’écriture de Pacific 231, sorte de calque de la musique savante sur un objet de la modernité, ici dans le sens inverse, créée pour, vers une technologie comme support.
Je travaille donc au fur et à mesure pour livrer ces textes, qui sont des points de vue parfois abstraits sur ma connaissance du monde.
En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
Blaise Cendrars
Quel vocabulaire est-il possible ? celui qui tend vers la conscience ? En tout cas, un arcane insaisissable. Seule la méditation sur ce que j’espère, ce qui est le fruit de la méditation, contemplant les frondaisons du chemin pris par une soule impression notamment, autorise le lien métaphysique. Car je crois que réduire l’être humain à son objectivité matérielle aboutit à l’injustice.
Qui préside ? En moi, la forme d’une épée renversée, qui ferme l’accès au cœur, dans sa nature immatérielle. Le double de soi. Je suis plus d’un.
Grandir. Dernier mot prononcé. Dernier acte de foi. Cela fut. Ou cela a été.
Devant mon expérience de la vie. Ou plutôt des manifestations de la vie.
Avec le moi du langage, la logique des idées, la difficile dissertation.
La paix est une.
Je ne peux que circonscrire mon sentiment au-dedans, dans mon psychisme.
D’ailleurs, ce psychisme mène droit aux portes de ma personne : un homme de 50 ans devant son image d’adolescent de 15 ans jeté brutalement dans le monde du désir – et ses brutalités.
Car alors, le langage était lumière, simple parole, simplement une narration, nouveauté. Dans la simplicité des signes.
C’est-à-dire l’image de soi, construite sur l’enfance.
Le goût propre de moi-même. À 15 ans où j’étais vraiment enfantin, développé comme un garçon de 12 ans.
Fragile dans mes excès.
S’accroître. Fleurissement. Multiplication. Agrandissement. Progression.
De ce fait, aujourd’hui, depuis mes 16 ans jusqu’à maintenant, c’est un arc. Une tension. Car depuis cette chambre où à 15 ans je brûlais dans de grandes histoires d’adulte, la métaphore est presque impossible.
Un cygne, le cygne noir libéré par un manteau d’orties.
Est-ce un destin ? conduit par les trois Parques ? alors pourquoi y a-t-il eu sauvagerie, douleurs iniques ?
Tant est difficile le travail de clairvoyance. Tant est forte la lutte. Tant je suis sujet à écrire, à produire des textes. Rien peut-être.
Je garde l’étoile intérieure, quitte à réécrire sans fin.
didier ayres