Les textes qui forment le cahier Expérience ont été conçus pour la publication virtuelle sur la Toile. Ils sont donc un exercice de la vélocité, au présent. Cela n’enlève en rien le travail de reconstruction du livret depuis le manuscrit, réservé exclusivement au Web. J’ai pensé que cette aventure littéraire en ligne se rapprocherait peut-être de l’écriture de Pacific 231, sorte de calque de la musique savante sur un objet de la modernité, ici dans le sens inverse, créée pour, vers une technologie comme support.
Je travaille donc au fur et à mesure pour livrer ces textes, qui sont des points de vue parfois abstraits sur ma connaissance du monde.
À chacun aussi ce visage invisible reflétant « ce dont on ne parle pas ».
Tomas Tranströmer
Est-ce division ? Est-ce coupure ? Croire tend à conserver, à relier, à l’harmonie perpétuelle. Quelle est donc la faculté de couper ?
Juste le regard vers soi qui établit dès lors une distance, une coupure.
Le sujet est par essence double : pensée et action, chair et intellection, organicité et spiritualité.
Le présent de même puisque l’on passe de soi vers l’autre, de son présent au présent universel. Être est un apprentissage.
Ce qui indique un pacte, une alliance, que l’écriture domestique. Car finalement, rien n’existe, tout est fantomatique, gazeux. Le monde est une interprétation. Ce qui a été disparaît, ce qui est n’existe pas puisque le présent s’évapore, et ce qui advient est supposition.
Donc, le temps est fluide et s’appuie sur une cosmographie globale. Rien de plus.
Il faut enlever, retirer, resserrer, ce qui a pour but un même dessein, un même fondement, une même nature.
Pour moi, rien ne se retranche entre la lettre et l’esprit de la lettre, les deux s’épaulant, tanguant dans une vérité intégrale.
Toutefois, l’obscurité est parfois un refuge. Un repli. Là où s’abrite la richesse du mystère.
Sa voix. Noirceur qui se justifie.
Silence là au centre de l’existence, comme une image mutique et ainsi, d’autant plus forte.
Et puis l’esprit a des cycles, des périodes, des époques. Il est relatif. Mais je sais le lieu forclos de la pensée au milieu du néant. Son esprit. Sa flamme.
Maintenue à l’extérieur par énigme, énigme légèrement diffuse. Flamme immatérielle.
Vérités, passages vides.
L’autre. Le prochain. L’aubain. Le semblable.
Est-ce le jeu du visage qui, dans son travail des sourcils, lesquels facilitent la communication fine des événements relatifs à l’être humain, est l’emblème de notre état de créature ?
Ou bien, définitivement, le mystère persiste, les vérités passant, même sous le masque du visage.
Miroir. Conscience infuse. Ici dans la pierre. Ici dans les eaux.
didier ayres