Didier Ayres, Cahier Expérience, 6

Les textes qui forment le cahier Expé­rience ont été conçus pour la publi­ca­tion vir­tuelle sur la Toile. Ils sont donc un exer­cice de la vélo­cité, au pré­sent. Cela n’enlève en rien le tra­vail de recons­truc­tion du livret depuis le manus­crit, réservé exclu­si­ve­ment au Web. J’ai pensé que cette aven­ture lit­té­raire en ligne se rap­pro­che­rait peut-être de l’écriture de Paci­fic 231, sorte de calque de la musique savante sur un objet de la moder­nité, ici dans le sens inverse, créée pour, vers une tech­no­lo­gie comme sup­port.
Je tra­vaille donc au fur et à mesure pour livrer ces textes, qui sont des points de vue par­fois abs­traits sur ma connais­sance du monde. 

Tu dors, mon âme appesantie

Chris­tofle de Beaujeu

Comment jus­ti­fier le temps de ma vie inté­rieure. Car ces moments sont embra­se­ments, moments de souffle, solide impres­sion d’être entier, plus que moi-même.
Le poème en témoigne.

Périodes, jours, après-midis, ten­sions. Appli­ca­tion, fièvre, ordre mys­tique.
Cela balance en moi, comme si je pou­vais atteindre une pré­sence dans ma pré­sence au monde.

Sen­tier. Route. Che­min. Sente. Déam­bu­la­tion. Dépla­ce­ment. Mou­ve­ment. Esprit meuble. Quête. Suivre une sente. Une voie escar­pée. Un pay­sage de pierre. Jour­née.
Sus­pens du temps. Chaus­sée inté­rieure. Et mille fois confiance dans mon poème.

Cet état de moi-même, qui reste un état com­mun à cha­cun, à tous, fré­quente l’atmosphère gazeuse de la pen­sée — et la pen­sée est à tout le monde.
Sim­ple­ment elle n’est tri­bu­taire que d’elle-même, de sa puis­sance, de l’intelligence de la personne.

La dif­fé­rence c’est la sen­si­bi­lité au voca­bu­laire, choi­sir le mot exact. Ral­lier en moi le chant de l’âme. Car les mots sont mots de l’âme.
Une concep­tion uni­ciste. Une pen­sée uniciste.

Il faut seule­ment par­ta­ger, rompre le pain du lan­gage, don­ner, répondre de soi.

Ai-je rai­son ? Suis-je ? Chaque minute est table rase. Un peu de poussière.

Aller. S’acheminer. Se mou­voir. Tra­ver­ser. Péné­trer. Avan­cer. Mar­cher. Pro­gres­ser. Abou­tir. Tous les écueils parlent de la même voix.
C’est déam­bu­ler, l’acte même de la déam­bu­la­tion qui fait le layon. Der­nière porte à fran­chir, ultime huis de lumière.

Errance ? Pro­me­nade en soi. Le car­net ici s’en res­sent. Dan­sant. Bal­lant.
Regar­dant maté­riel­le­ment, comme un regard double. Le manus­crit et le livre. Sai­sir l’épissure, le joint, l’alliance.

didier ayres

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