Ebranler le pouvoir par la prise d’assaut d’une statue à l’architecture phallique
La performance de Deborah de Robertis et ses “soeurs” a une nouvelle fois causé le trouble.
Tout est passé “de la coulée de sang à l’arrestation” suite à la plainte de Rachida Dati pour vandalisme de la statue du général Joseph Gallieni le dimanche 26 septembre place Vauban.
C’est pour Deborah de Robertis une attaque revendiquée et frontale des “Mariannes”. La performance a duré pendant deux heures et demi. L’actionniste habillée en Marianne accompagnée d’autres Mariannes était sur la statue du maréchal Gallieni. Très vite, une trentaine de policiers ont encerclé la statue pour empêcher les photographes et cameramans de prendre des images avant d’arrêter les Mariannes et les mettre en garde à vue.
Les six Mariannes ont voulu reprendre la possession de l’Histoire et ébranler le pouvoir par la prise d’assaut de la statue à l’architecture phallique du Patriarche de France là où 4 femmes sont utilisées comme piédestal pour exhiber le colonisateur.
Pour Deborah De Robertis, “La statue a un sexe : c’est un sexe d’homme. Le colon est un homme, le tyran est un homme, le dictateur est un homme. Ce qu’ils ont en commun est une bite : la colonisation est un viol.“
La statue trône au cœur de Paris là où la nudité féminine est systématiquement renvoyée au statut d’exhibition sexuelle.
Mais soudain, les Mariannes tiennent comme souvent avec la performeuse l’Origine du Monde entre leurs mains. Et cette intervention montre le renversement que l’art opère. Comme l’écrit la plasticienne : “Marianne s’éventre, détruisant le mal(e) sous toutes ses formes à la façon de la déesse Kali, et elle déverse ce qu’elle ne peut plus contenir. Le sang coule sur la pierre.“
Ici, Marianne n’est pas “une jolie muse blanche et bandante”. En se démultipliant, les siennes sont époustouflantes.
jean-paul gavard-perret
Deborah de Robertis, Le viol du pouvoir, Performance, Paris, septembre 2021.