Didier Ayres, Cahier Expérience, 4

Les textes qui forment le cahier Expé­rience ont été conçus pour la publi­ca­tion vir­tuelle sur la Toile. Ils sont donc un exer­cice de la vélo­cité, au pré­sent. Cela n’enlève en rien le tra­vail de recons­truc­tion du livret depuis le manus­crit, réservé exclu­si­ve­ment au Web. J’ai pensé que cette aven­ture litté­raire en ligne se rap­pro­che­rait peut-être de l’écriture de Paci­fic 231, sorte de calque de la musique savante sur un objet de la moder­nité, ici dans le sens inverse, créée pour, vers une tech­no­lo­gie comme sup­port.
Je tra­vaille donc au fur et à mesure pour livrer ces textes, qui sont des points de vue par­fois abs­traits sur ma connais­sance du monde.

Une nuit je trou­vai une pierre

pierre, oh ! pierre.

Her­berto Helder

 

Les lieux n’existent que par des­crip­tion, par des visions par­fois mais qui néces­sitent un récit.
Fon­da­men­ta­le­ment, le lieu est gaz, est poche, croi­se­ment — comme le dit le Zen : tu es à un car­re­four, alors prends-le ! Tu es en un lieu, alors prends-le !

Et la connais­sance donne, ordonne, classe, dis­sèque tou­te­fois en dif­fé­rents signes : le bureau jaune, la biblio­thèque des ser­vices de presse, tout cela est signe, signes qu’il faut s’approprier, conte­nir, res­ti­tuer en temps voulu, aban­don­ner au désert des choses non vues dès la séance de tra­vail achevée.

L’esprit, seul, en sa majesté, en son idylle.

On pour­rait dire que c’est à une lutte que se livrent les lieux, les chambres de la mai­son, les liens avec le pay­sage de la rue, de la fenêtre, images gran­dis­sant dans la fixité du regard, pour dis­pa­raître dès que l’angle de vision est dif­fé­rent, ne fait plus focale. Je pen­che­rais pour Lucrèce et la pel­li­cule du regard sur les choses, que l’on peut aisé­ment com­prendre, seul, devant l’huis du bureau, de la chambre, en une sorte de coa­les­cence de choses inertes.

Cette ins­truc­tion de l’espace, cette rési­dence, ce théâtre du monde me va comme fic­tion.
Il est l’objet défi­ni­ti­ve­ment appré­hendé par l’intellection, par le lan­gage, par le jeu violent de la pensée.

La beauté, l’intelligence, la pen­sée : trois histoires.

Cet exer­cice demande une sorte d’immobilité tem­po­raire, ou plu­tôt une vitesse lente, un appe­san­tis­se­ment sur les valeurs et les qua­li­tés de l’idiome, où intrigue le lexique, agité par le mys­tère, l’absent, le man­quant.
Donc, aller len­te­ment pour sur­ve­nir à soi dans la page (page par nature immobile).

Dieu, les hommes, le poème : se tenir pour aimé.

Je suis cer­tain que l’être humain comme la pierre, se défi­nit par l’éclat, l’éclatement de la nature phy­sique tri­bu­taire, de la conscience, ce qui veut dire, la vie.
La pierre et l’homme sont com­bus­tibles, changent de nature dans le temps.

Dire contient, même si écrire et dire sont dif­fé­rents, écrire étant un plai­sir pri­maire, et dire une école.

 didier ayres

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