Pierre-Louis Lensel, Le duc du Maine. Le fils préféré de Louis XIV

Le prince mal né

Le drame du duc de Maine, ce fut sa nais­sance. Fils illé­gi­time né des amours de louis XIV et de Mme de Mon­tes­pan, il porta comme une croix le poids de la bâtar­dise, tache indé­lé­bile dans une société impré­gnée de catho­li­cisme et de hié­rar­chie.  C’est ce que montre un livre digne des grandes bio­gra­phie Per­rin écrit par un très pro­met­teur historien.

Le duc fut édu­qué, couvé et même aimé par Mme de Main­te­non, et comme le montre Pierre-Louis Len­sel, il demeura le fils pré­féré du Roi Soleil. Pour lui et ses frères, le puis­sant roi trans­gressa toutes les règles, reli­gieuses mais aussi poli­tiques de son royaume, en les légi­ti­mant, en leur don­nant un rang, en leur ouvrant les portes de la succession.

Cette trans­gres­sion, toute une par­tie de la Cour et de la famille royale ne l’accepta jamais. L’un des apports de cette étude, écrite au demeu­rant avec soin, c’est de mon­trer la force des cabales contre le duc du Maine qui géné­ra­le­ment dans l’historiographie louis­qua­tor­zienne ou de la Régence, joue le mau­vais rôle. L’auteur nous montre l’acharnement avec lequel les enne­mis des « légi­ti­més », les Condé au pre­mier rang, œuvrèrent à les dépouiller des bien­faits dont leur père défunt les avait com­blés. Et avec succès.

Certes, Pierre-Louis Len­sel ne cache rien des insuf­fi­sances de carac­tère du duc du Maine, son absence de sens poli­tique, ce qui ne revient pas à un faire un demeuré, loin de là. Son épouse mani­gança bien plus que lui, intri­gua jusqu’à les perdre tous les deux. Il ren­dit les coups bien sûr, se défen­dit comme il put, cher­chant sa place dans ce monde obsédé par le rang princier.

Mais au-delà de la per­son­na­lité, le pro­blème rési­dait bel et bien dans les déci­sions de Louis XIV qui remet­tait en cause les lois fon­da­men­tales du royaume, créait des risques de troubles graves, tou­chait à des cer­ti­tudes enra­ci­nés, révo­lu­tion­nait l’ordre social. Et on com­prend que le com­bat, sans être perdu d’avance, ne pou­vait être que rude, impla­cable, sans pitié. « Le duc du Maine, écrit l’auteur, reste la vic­time de son iden­tité confuse : tan­tôt petit sur­élevé, tan­tôt grand dimi­nué, il est cet objet social non identifié ».

fre­de­ric le moal

Pierre-Louis Len­sel, Le duc du Maine. Le fils pré­féré de Louis XIV, Per­rin, sep­tembre 2021, 600 p. — 25,00 €.

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