Fulguration phonique et visuelle
Les pages de ce livre ouvrent avec 4 zones-macadam. Le noir est de mise. Mais plus aussi.
Quant au “Pronominal”, écrit Fullenbaum, “quitte à martyriser ma langue natale. C’est que la forme pronominale me réfléchit. C’est tout le contraire du goudron. Ce que le goudron recouvre, la forme pronominale le découvre”.
Si bien que l’auteur, enfant caché, survivant de la Shoah, crée toujours une écriture d’après le nazisme.
L’aspect plastique percute le sens des mots, pour évoquer l’irréparable qui ne se quitte pas.
L’auteur combine à la fois le jeu de mots, la répétition et la référence implicite pour créer un langage décalé où le réel trouve une profondeur cachée par la manipulation des mots et des images.
Reste une fulguration phonique et visuelle.
Dans des abrupts se crée toujours un jeu d’ombre et de lumière que le travail d’édition de Richard Meier rend superbement.
Des échos se succèdent dans un chant double de l’inexorable recouvrance et tout autant de découverte en une histoire de l’oeil et un retour sur l’impensable qui trouvent là de nouvelles voies.
jean-paul gavard-perret
Max Fullenbaum, Pronominal, Voix Editions — Richard Meier, 2021.