La passion des images et des jours
L’autoportrait que dresse Barbara Polla n’a rien de dogmatique. Faisant abstraction des prurits de l’ego, elle évoque ses amours. Mais pas n’importe lesquelles. Il s’agit de ses passions artistiques.
Celle qui est médecin, poète, auteure, féministe non bornée est aussi galeriste et curatrice. Elle a fait ses preuves entre autres à travers sa galerie Analix Forever à Genève et à Paris.
Exit toutes polémiques ou coups de sangs négatifs. Barbara Polla opte pour une forme d’élévation là où l’érotisme comme la politique prend une acception plus large. Tout est histoire de passion.
Barbara Polla parle de ses rencontres, amitiés (Paul Ardenne, Magda Danysz, Dominique Fiat etc.) et d’une pléiade d’artistes tels que Joannas Hadjithomas et Khalil Joreige, Robert Montgomery, Frank Smith et bien d’autres dont Julien Serve, partenaire graphique de l’auteure en un tel livre passionnant - souvent allègre mais parfois plus grave pour évoquer des disparus.
Barbara Polla retient les instants majeurs de sa vie de galeriste. Elle y paraît telle une femme d’exception, cultivée, volontaire à plus d’un titre. Dans ses mémoires libres, elle écrit avec la sérénité d’une femme libre.
C’est l’occasion de montrer ce qui nous rapproche de la beauté. Pour la Suissesse, elle n’est jamais marmoréenne.
L’auteure fait bouger les lignes, franchir des limites, voire cultiver des excès lorsque cela est nécessaire. Tout un art vivant s’anime et c’est un fantastique message pour celles et ceux qui d’une manière ou d’une autre s’intéressent à l’art.
L’écriture est vivante même dans les moments durs où le lamento se serait imposé chez beaucoup.
L’auteure se fait subtilement drôle pour illustrer la passion des images et des jours.
jean-paul gavard-perret
Barbara Polla & Julien Serve, L’art est une fête, Slatkine, Genève, 2021, 240 p..