Sous forme d’histoires courtes ou de poèmes parfois en prose, parfois en vers et en prise directe sur le réel, Aldo Qureshi quoique dans l’esprit de son Made in Eden n’en profite pas pour nous offrir une fuite en paradis.
Il s’agit d’autrement dire des histoires bringuebalantes où tout est arrangé afin de rédiger un mémoire en action et en abrégé sur les “conditions d’existence dans le domaine inférieur”, ses témoins assistés, ses challengers là où tout est plus ou moins réel sous couvert de piège de cristal.
Des chaises serrent les dents quand leurs pattes se brisent, un narrateur s’habille en plongeur — masque compris– même lorsqu’il va chez le dentiste.
L’auteur qui est très sensibles aux ongles peints qu’elle que soit la couleur — mais de préférence le bleu — sait regarder celles et ceux qui l’entourent même si ce qu’il en dit peut prêter à caution.
Mais comment ne pas être sensible — entre autres — au fouineur de poubelles dont le chien constipé pète avec de petits sifflements, à ceux qui suent de la langue en allant prendre le métro ou encore à la caissière de superette qui s’inquiète de savoir si ses clients ont une carte de fidélité ?
Le narrateur se répand et on halète à la lecture de ses historiettes plus ou moins mensongères et leurs remous.
C’est une manière de renoncer à une noria de paraboles et d’ouvrir les fenêtres de nos geôles roturières afin que la liberté de désarchaïse et que nous assistions à de ténébreux ballets d’histoires de famille ou urbaines.
Là où, entre infamies et grivoiseries et parmi des créatures attablées, la poésie s’invite pour d’étranges desserts.
jean-paul gavard-perret
Aldo Qureshi, Le Roi de la sueur, Atelier de L’agneau, St-Quentin-de-Caplong, 2021, 96 p.- 17,00 €.