De très nombreux antihéros fréquentent les couloirs des fictions, mettant leur peu de réussite au service de causes plus ou moins nobles, avec plus ou moins de bonheur. Olivier Gay propose un nouveau spécimen attrayant. Le scénariste lui donne, en fait, une seule qualité, celle d’être entouré par trois jeunes femmes très efficaces, amoureuses de lui. Elles sont le véritable moteur de l’intrigue entre Meeri la meilleure épéiste qui refuse toute promotion pour rester dans son sillage, la princesse caractérielle aux puissants pouvoirs magiques et la nouvelle venue, une pirate qui maîtrise nombre de compétences techniques.
Il est, cependant, l’élément clé de l’histoire alors que ce sont toutes les autres qui agissent. Pourquoi cet attrait pour ces antihéros ? Sans doute parce que c’est en eux qu’il est le plus facile de s’identifier.
Le royaume de Valania connaît une belle période de paix. Mais le scénariste prévient dès la première planche que cette période ne va durer que le temps de deux pages. On a cependant le temps de faire connaissance avec Aether qui va nettoyer les appartements royaux, refusant ainsi les propositions de distraction de Meeri, une garde.
Parce que la princesse lit dans le salon, elle l’envoie commencer par les chambres. Il n’a pas le temps de sortir qu’une immense déflagration bouscule mobilier et personnes. Un énorme “scarabée” paraît à la porte et tue les deux gardes. La princesse, qui maîtrise la magie, intervient mais sans succès. Meeri arrive en renfort mais le monstre semble invulnérable. Aether prend alors une épée pendue au mur et tue l’assaillant à la stupeur générale. Lui est le premier surpris. L’arme reste inefficace quand Meeri la prend pour un assaut contre un nouvel agresseur. Ils comprennent que Seul Aether peut l’utiliser de façon opérante.
Le palais est détruit. Pour fuir, la princesse se téléporte avec ses deux compagnons dans un dirigeable qui passait. Commence alors une suite d’aventures à laquelle se joint la propriétaire du dirigeable pour libérer le pays de ces monstres…
Le scénariste embarque alors le quatuor dans une succession de situations décalées à la recherche de l’origine de cette arme magique, si efficace contre ces monstres, pour pouvoir en équiper une armée. Les dialogues sont enlevés, l’humour est omniprésent, l’auteur jouant sur l’aveuglement du garçon pour les sentiments qu’il inspire à celles qui l’entourent et sur les rapports de concurrence des trois jeunes femmes.
C’est drôle, c’est vif, c’est dynamique et c’est gai.
Le dessin et la mise en couleurs sont l’œuvre de Jonathan Aucomte qui aborde, ici, son premier album. Il faut saluer le brillant résultat. Les personnages sont bien représentés et facilement identifiables au fil des actions. Les attitudes sont dynamiques comme le sont les combats et autres actions musclées. Les décors sont très présents, détaillés et les angles de vues donnent de belles perspectives.
Peut-être faut-il regretter un goût prononcé pour les gros lettrages quand il s’agit de représenter les bruits des combats, des explosions, des détonations…
Un premier album truculent, fort plaisant à découvrir tant pour l’histoire, le ton avec lequel elle est contée, les personnages que pour un graphisme agréable à regarder.
serge perraud
Olivier Gay (scénario) & Jonathan Aucomte (dessin & couleur), Les Gardiennes d’Aether — t.01 : Un héros improbable, Bamboo, label “Drakoo”, septembre 2021, 48 p. – 10,95 €.