Walter Bruyère-Ostells, Les Maréchaux d’Empire — Les Paladins de Napoléon

Une approche ori­gi­nale hors des cane­vas traditionnels

Il se dit que Napo­léon est l’homme sur lequel on a le plus écrit après Jésus-Christ. Wal­ter Bruyère-Ostells s’interroge sur le sujet qu’il a choisi car écrire sur les maré­chaux qui ont entouré Napo­léon ne revient-il pas à écrire une chro­nique sur la vie des douze apôtres, sur les Che­va­liers de la table ronde ? De plus, il ne sou­haite pas s’enfermer dans une écri­ture épique, héri­tière du mythe napoléonien.

L’auteur prend le parti de dres­ser un por­trait col­lec­tif, vivant et com­plet de ces pala­dins. Pour cela, il retient trois par­ties.
Dans la pre­mière, dénom­mée Les Apôtres de l’épopée napo­léo­nienne, il regroupe ces maré­chaux en cinq grandes caté­go­ries et relate de façon syn­thé­tique l’itinéraire des vingt-six sol­dats. On trouve Les vieux héros comme Kel­ler­mann le doyen né en 1735, Les Guer­riers flam­boyants tels Lannes, Murat, Ney, Les pro­fi­teurs et les girouettes comme Mar­mont, Ber­na­dotte, Les hommes de sang-froid tels Ber­thier, Davout, Les maré­chaux en marge, relé­gués, oubliés, mau­dits comme Jour­dan, Grou­chy, Brune…

La seconde par­tie reprend en titre une for­mule de Bona­parte lui-même : “Les Ventres-creux vont sor­tir de l’histoire pour entrer dans la légende.” L’historien évoque alors leurs actions dans les grands moments poli­tiques et mili­taires de la période napo­léo­nienne. Il étu­die les rap­ports du nou­veau César et ses pré­to­riens, scrute les atti­tudes des Maré­chaux au soleil d’Austerlitz, à l’heure de Wagram, déve­loppe 1812, l’année ter­rible et raconte l’heure des choix fati­diques pour ces guerriers.

Dans une troi­sième et der­nière par­tie, il rap­pelle les splen­deurs et les misères des guer­riers cour­ti­sans, explore les autres aspects de ces per­son­na­li­tés afin de mieux les sai­sir, dans leur vie pri­vée comme dans leur vie sociale parmi les élites du temps. C’est ainsi qu’il en pré­sente l’essentiel au champ d’honneur, sur les lieux des batailles, puis leur rôle comme agents admi­nis­tra­teurs de l’impérialisme napo­léo­nien, les tra­jets vers le repos du guer­rier et la gloire, la for­tune et les dynas­ties qui ont pu émerger.

Avec cette approche ori­gi­nale ins­pi­rée des Apôtres par rap­port au Christ, des pré­to­riens par rap­port à César, des che­va­liers de la Table ronde par rap­port à Arthur, Wal­ter Bruyère-Ostells brosse un pano­rama riche en études, struc­turé et for­te­ment docu­menté, qui ouvre sur une bien meilleure connais­sance de l’ensemble du sys­tème mis en place par l’Empereur.
D’une écri­ture fluide, avec un style effi­cace, l’auteur détaille leurs car­rières et en explore tous les volets. Un livre qui se lit comme un roman à sus­pense, avec autant de plaisir.

serge per­raud

Wal­ter Bruyère-Ostells, Les Maré­chaux d’Empire — Les Pala­dins de Napo­léon, Per­rin, avril 2021, 384 p. – 23,00 €.

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