La Confession d’un enfant du siècle (Alfred de Musset/Frédéric Vossier)

 On n’empêchera pas le roman­tisme de se résoudre, au risque de s’abolir, en mys­ti­cisme de l’amour

photo : Didier Gou­dal

Le pla­teau est cha­leu­reux ; le décor est simple et pré­cieux, comme une alcôve ser­tie de ten­tures et d’attentions ; deux arbres donnent un peu de champ à l’espace scé­nique, encore agrandi, au fond, par une ten­ture. Une musique dis­crète, roman­tique, accueille les spec­ta­teurs qui passent de la froi­deur du trot­toir à l’intimité d’un logis. Ber­trand Farge s’impose maître du texte et de l’espace. Il dis­pose d’une belle pres­tance et d’une varia­tion appré­ciable de registres de jeu. Le texte évoque d’abord le siècle, les frasques mon­daines, confon­dant avec bon­heur l’intime et le conjonc­tu­rel. Par­ti­tion emblé­ma­tique du roman­tisme, dont le propre est de trou­ver l’universel dans la sin­gu­la­rité des affec­tions. Las, l’œuvre de Mus­set tourne à la confi­dence narrative.

Ce spec­tacle char­mant est empreint de défauts qui n’affectent ni sa teneur ni sa valeur. La pré­sence scé­nique de Ber­trand Farge est un peu trop forte ; elle ne semble pas épou­ser le tem­pé­ra­ment roman­tique si volon­tiers ché­tif et mélan­co­lique. En outre, Mus­set est meilleur en révé­la­teur des maux du temps qu’en conteur de ses erre­ments sen­ti­men­taux. Fussent-ce ces frasques auréo­lées du spectre de George Sand. Le pro­pos semble pro­gres­si­ve­ment se résoudre en chro­no­lo­gie d’une liai­son. On aime­rait goû­ter les impré­ca­tions de la jeu­nesse en mal d’avenir contre tous les pas­sés qu’elle ne veut pas avoir. Mais c’est essen­tiel­le­ment de l’expérience pas­sion­nelle qu’il est ici ques­tion. On n’empêchera pas le roman­tisme de se résoudre, au risque de s’abolir, en mys­ti­cisme de l’amour.

chris­tophe giolito

La Confes­sion d’un enfant du siècle

d’après Alfred de Musset

Adap­ta­tion Fré­dé­ric Vossier

Mise en scène Marie-Claude Morland

Inter­pré­ta­tion Ber­trand Farge

Scé­no­gra­phie et cos­tume : Elsa Belen­guier ; créa­teur lumière : Jean-Baptiste Herry ; créa­tion sonore : Hervé Guérande-Imbert ; assis­tante à la mise en scène : Maïa Jar­ville ; direc­teur tech­nique : Alloua Chettab.

Au Théâtre du Marais

37 rue Volta, 75003

Du 17 jan­vier au 28 avril 2013, du jeudi au samedi à 21h, dimanche à 17h.

Réser­va­tions : 01 45 44 88 42

Durée du spec­tacle : 1h20, tarifs : 20€/14€.

Le texte de la pièce est dis­po­nible en col­lec­tion « Folio ».

 

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