Avec Monsieur Vadim, Gihef confronte un vieil homme, souffrant des maux du grand âge, arthritique, à la nécessité de retrouver le droit de voir son petit-fils quand il le veut. S’il n’a plus l’autorisation de l’approcher, c’est parce que son gendre, une vermine de basse espèce, a amené son épouse, la fille de Vadim, à sombrer dans la drogue. Toxicomane, elle est en soins intensifs.
C’est la raison pour laquelle, chaque jour Vadim regarde le feuilleton Les Coquillages de l’Amour, une série mièvre. Elle le rapproche de sa fille qui apprécie cette histoire.
Ceci est l’aspect sentimental du récit car le scénariste ne se prive pas de donner un tempo tonique à son récit, une histoire où les armes tonnent, les coups pleuvent, les poings s’activent…
Vadim Koczinsky, un ancien légionnaire, se retrouve sans ressources et sans logement par la faute d’un curateur véreux. Alors qu’il se restaure, trois voyous veulent dévaliser les clients. L’un d’eux s’en prend à lui. Il retrouve ses réflexes et, au terme d’une solide bagarre, les met en fuite. Cette affaire est rapportée à un restaurateur-trafiquant belge. Celui-ci le rencontre, lui propose gîte et couverts contre un petit service : le débarrasser des membres d’une mafia locale.
Vadim, par surprise, tire un coup de feu malencontreux pendant le pince-fesse qui suit le mariage de la fille de Giacopini, un chef de clan. C’est la panique. Mayo, au volant, se précipite alors qu’une voiture de maître arrive. La collision est inévitable et le chauffeur s’en prend au garçon avec une arme. Vadim arrive, détourne l’arme et le chauffeur est pris sur le fait.
Le commissaire, qui s’emploie à séduire l’assistante sociale qui s’occupe de Vadim, fait en sorte que celui-ci ne soit pas inquiété. Giacopini, jette son dévolu sur le vieux soldat et l’invite dans sa luxueuse voiture.
Mais avoir vu son petit-fils adoré servir de mule pour un trafic de drogue met Vadim en colère et il veut faire ce qu’il faut pour que cela cesse…
L’action est omniprésente et tonitruante. Autour de Vadim qui possède encore une belle forme physique quand il le faut, le scénariste déploie une belle galerie de personnages. Du petit voyou au chef mafieux, du commissaire amoureux à la belle assistante sociale, il fait défiler une belle collection de protagonistes dont deux ou trois se distinguent, tel ce restaurateur, employeur de Vadim, qui ne donne pas une vision très reluisante de l’humanité.
Le scénario est solide, les péripéties s’enchaînent avec cohérence.
C’est Morgann Tanco qui est en charge du dessin. Il a opté pour un graphisme semi-réaliste qui restitue avec justesse le côté tonique de l’histoire avec une galerie de belles gueules, des personnages facilement identifiables. Les décors, très présents, servent à merveille les actions. La mise en couleur est l’œuvre de Cerise qui a trouvé les teintes tout à fait adaptées pour faire ressentir les ambiances.
Un diptyque fort agréable à découvrir pour le sujet, le dynamisme et le héros. On peut se poser la question d’une suite, même si elle ne semble pas prévue pour l’heure, mais qui serait la bienvenue tant Vadim est attachant.
serge perraud
Gihef (scénario), Morgann Tanco (dessins) & Cerise (couleurs), Monsieur Vadim – t.02 : Supplément frites et sulfateuse, Bamboo, label “Grand Angle”, août 2021, 56 p. – 14,90 €.