Dans ses lettres à Fouad El Etr, Antoine Berman montre comment, depuis le romantisme allemand, la poésie s’identifie à la question de la poésie.
Il ne s’agit plus “de chanter l’évènement” mais d’y inscrire “ce choc initial qui aide le moi du poète à prendre conscience de lui-même” en se détournant de tout objet existant.
Exit l’ “Ut pictura poesis” et sa transformation au moment où la poésie doit reformer à chaque fois ses matériaux et ses formes. Les Romantiques allemands répondent mieux que d’autres à la question : pourquoi y a-t-il de la poésie plutôt que rien ?
Le tout dans un moment de forte rupture face à ce qui existait. Et que reprendront chacun à leur manière Ducasse, Rimbaud, Mallarmé, Dada en leur relance à ces questions.
L’auteur crée ainsi une relance dans un contexte précis. Il s’agit de remettre en évidence ce que Novalis et des autres désengluent de l’idéalisme des romantiques classiques et des logorrhées ornementales en quoi se perdra néanmoins jusqu’au surréalisme.
Pour Berman, la vocation est bien autre que à l’acceptation ou la soumission au possible. Etre ou devenir poète consiste d’abord à résister à son époque et à ce que les poètes “faiseurs” croient savoir qu’elle est. Et ce, en acceptent le risque de contaminer la dite belle poésie.
jean-paul gavard-perret
Antoine Berman, Lettres à Fouad El Etr sur le Romantisme allemand, La Délirante, 2016, 48 p.