François Clapeau, Barré

Un polar original 

L’intrigue se déroule essen­tiel­le­ment depuis la chambre du ser­vice de réani­ma­tion où Donat Viguier est cloué sur un lit par le syn­drome de Guillain-Barré. Ce syn­drome, poten­tiel­le­ment mor­tel, est une affec­tion par laquelle le sys­tème immu­ni­taire attaque les nerfs péri­phé­riques. Les cas les plus graves peuvent entraî­ner une para­ly­sie quasi-totale.

Les lieu­te­nants de police Auré­lie Lau­ren­cin et Donat Viguier sont en planque, depuis plu­sieurs heures, pour arrê­ter un bra­queur. Ils ont son signa­le­ment. Alors que celui-ci approche, Auré­lie sort de la voi­ture mais Donat reste assis. Il finit par bre­douiller qu’il se sent mal et qu’il ne peut plus bou­ger. Tant pis pour la cra­pule, Auré­lie part pour l’hôpital.
Aux Urgences, les exa­mens se suc­cèdent alors que Donat se para­lyse de plus en plus. Il a du mal à res­pi­rer. Et le ver­dict tombe. Il est atteint du syn­drome de Guillain-Barré, une mala­die du sys­tème ner­veux.
Le bra­queur, dans une bijou­te­rie, tue une femme. Auré­lie et ses col­lègues le traquent sans suc­cès. Très proche de Donat, elle lui raconte l’enquête lors de ses fré­quentes visites. Il lui expose, en écri­vant très mal sur une ardoise, la pro­bable com­pli­cité des com­mer­çants braqués.

Quand il n’est pas assommé par les médi­ca­ments, il observe le bal­let des soi­gnants. Une nuit, une infir­mière qu’il appré­cie vient se réfu­gier, ter­ro­ri­sée, dans sa chambre. Elle esquisse un signe puis sort. Il lui semble entendre un cri de détresse. Le len­de­main, son corps est retrouvé loin du centre hos­pi­ta­lier.
Pour quelles rai­sons a-t-on voulu tuer cette char­mante jeune femme ? Donat se per­suade que l’assassin est parmi le per­son­nel qui gra­vite dans le ser­vice. Il prend conscience, alors, que si ce tueur se sent décou­vert, il a tout loi­sir de l’assassiner…

Le récit s’articule autour de deux enquêtes. Une pre­mière, menée par le reste de l’équipe de poli­ciers, se déroule hors de l’hôpital. Une autre, au sein de la chambre, avec un poli­cier qui ne peut faire part à per­sonne de ses réflexions, de ses soup­çons, sans ris­quer d’alerter un assas­sin qui aura tous moyens de le réduire défi­ni­ti­ve­ment au silence.
Le roman­cier fait vivre un huis clos en détaillant ce qui se passe dans la tête du poli­cier quant à sa situa­tion, sa mala­die et les effets des trai­te­ments qui lui sont administrés.

Jour­na­liste spé­cia­lisé dans le domaine de la santé, Fran­çois Cla­peau est tout à fait à l’aise pour décrire les symp­tômes, les soins, les thé­ra­pies avec une pré­ci­sion cli­nique. Il relate avec brio les pen­sées d’une per­sonne se trou­vant dans une situa­tion de totale dépen­dance, inca­pable de par­ler, de faire le moindre geste sauf à bou­ger quelque peu des doigts. Donat essaie de faire pas­ser l’essentiel par le regard, se déses­pé­rant de ne pas être bien com­pris. Mais, peut-il être sûr de ce qu’il voit, de ce qu’il per­çoit sachant qu’entre som­meil et semi-coma, il peut être sujet à des hal­lu­ci­na­tions ?
Paral­lè­le­ment, une idylle entre une femme en pleine forme et un homme réduit à l’inaction sus­cite doutes de la part des acteurs, res­sen­ti­ments, jalou­sies. L’aspect sen­ti­men­tal, un aspect pri­mor­dial dans la vie de l’Homo Sapiens Sapiens, n’est pas négligé et se retrouve à plu­sieurs niveaux dans le récit.

L’auteur fait évo­luer une gale­rie de per­son­nages riches en tem­pé­ra­ments divers cou­vrant une large part des carac­tères les plus fré­quem­ment répan­dus dans la popu­la­tion. Il fait décou­vrir le quo­ti­dien des soi­gnants, du pro­fes­seur à l’aide-soignant, por­tant un beau regard sur les internes et leur posi­tion dans le cycle médi­cal.
Avec Barré, Fran­çois Cla­peau livre un polar ori­gi­nal, une intrigue addic­tive qui ne se lâche qu’à la der­nière page.

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serge per­raud

Fran­çois Cla­peau, Barré, J’Ai lu n° 13 104, coll. “Thril­ler”, février 2021, 224 p. – 7,20 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller

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