L’intrigue se déroule essentiellement depuis la chambre du service de réanimation où Donat Viguier est cloué sur un lit par le syndrome de Guillain-Barré. Ce syndrome, potentiellement mortel, est une affection par laquelle le système immunitaire attaque les nerfs périphériques. Les cas les plus graves peuvent entraîner une paralysie quasi-totale.
Les lieutenants de police Aurélie Laurencin et Donat Viguier sont en planque, depuis plusieurs heures, pour arrêter un braqueur. Ils ont son signalement. Alors que celui-ci approche, Aurélie sort de la voiture mais Donat reste assis. Il finit par bredouiller qu’il se sent mal et qu’il ne peut plus bouger. Tant pis pour la crapule, Aurélie part pour l’hôpital.
Aux Urgences, les examens se succèdent alors que Donat se paralyse de plus en plus. Il a du mal à respirer. Et le verdict tombe. Il est atteint du syndrome de Guillain-Barré, une maladie du système nerveux.
Le braqueur, dans une bijouterie, tue une femme. Aurélie et ses collègues le traquent sans succès. Très proche de Donat, elle lui raconte l’enquête lors de ses fréquentes visites. Il lui expose, en écrivant très mal sur une ardoise, la probable complicité des commerçants braqués.
Quand il n’est pas assommé par les médicaments, il observe le ballet des soignants. Une nuit, une infirmière qu’il apprécie vient se réfugier, terrorisée, dans sa chambre. Elle esquisse un signe puis sort. Il lui semble entendre un cri de détresse. Le lendemain, son corps est retrouvé loin du centre hospitalier.
Pour quelles raisons a-t-on voulu tuer cette charmante jeune femme ? Donat se persuade que l’assassin est parmi le personnel qui gravite dans le service. Il prend conscience, alors, que si ce tueur se sent découvert, il a tout loisir de l’assassiner…
Le récit s’articule autour de deux enquêtes. Une première, menée par le reste de l’équipe de policiers, se déroule hors de l’hôpital. Une autre, au sein de la chambre, avec un policier qui ne peut faire part à personne de ses réflexions, de ses soupçons, sans risquer d’alerter un assassin qui aura tous moyens de le réduire définitivement au silence.
Le romancier fait vivre un huis clos en détaillant ce qui se passe dans la tête du policier quant à sa situation, sa maladie et les effets des traitements qui lui sont administrés.
Journaliste spécialisé dans le domaine de la santé, François Clapeau est tout à fait à l’aise pour décrire les symptômes, les soins, les thérapies avec une précision clinique. Il relate avec brio les pensées d’une personne se trouvant dans une situation de totale dépendance, incapable de parler, de faire le moindre geste sauf à bouger quelque peu des doigts. Donat essaie de faire passer l’essentiel par le regard, se désespérant de ne pas être bien compris. Mais, peut-il être sûr de ce qu’il voit, de ce qu’il perçoit sachant qu’entre sommeil et semi-coma, il peut être sujet à des hallucinations ?
Parallèlement, une idylle entre une femme en pleine forme et un homme réduit à l’inaction suscite doutes de la part des acteurs, ressentiments, jalousies. L’aspect sentimental, un aspect primordial dans la vie de l’Homo Sapiens Sapiens, n’est pas négligé et se retrouve à plusieurs niveaux dans le récit.
L’auteur fait évoluer une galerie de personnages riches en tempéraments divers couvrant une large part des caractères les plus fréquemment répandus dans la population. Il fait découvrir le quotidien des soignants, du professeur à l’aide-soignant, portant un beau regard sur les internes et leur position dans le cycle médical.
Avec Barré, François Clapeau livre un polar original, une intrigue addictive qui ne se lâche qu’à la dernière page.
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serge perraud
François Clapeau, Barré, J’Ai lu n° 13 104, coll. “Thriller”, février 2021, 224 p. – 7,20 €.