L’action se déroule dans un monde où cohabitent, plus ou moins bien, différents peuples. La guerre civile s’est terminée par la prise d’une ville, une dernière bataille gagnée par des individus considérés comme des héros dans leur pays. Mais qu’en est-il réellement ?
Gwanaël interroge la notion même de héros, celui qui, à un moment donné, a permis de dénouer une situation. Mais le héros d’un pays n’est-il pas le bourreau d’un autre ? Un humoriste français se demandait ce qui poussait les Anglais à donner à leurs places, monuments, gares ou stations de métro des noms de défaites : Trafalgar, Waterloo…
Une guerre civile a ravagé le Vaste Pays que se partagent six peuples. Elle s’est finie il y a cinq ans par la bataille de Revanne. Mais l’assassinat d’un héros de la guerre, un des Faucons du Prince Onarque, remet les nations en ébullition. Il a été tué par des flèches que seuls les Sylvestres savent travailler. Or, ceux-ci sont devenus des alliés des Onarques.
Estèla Ascensal, une jeune auxiliaire de la garde, est appelée en renfort pour enquêter sur ce meurtre car elle possède des dons particuliers. La recherche d’indices l’amène à consulter les notes d’un scribe disparu alors qu’il était en route vers Revanne.
Parallèlement, Aelis Mendigal, une guerrière, est partie à la recherche de ce scribe. Elle s’est jointe à une caravane de Romanis, un peuple nomade. Vuk Ciganin, sera son guide pour traverser des territoires hostiles.
En sauvant le scribe, Aelis découvre ce qui s’est passé lors de la dernière bataille, le siège de la ville de Revanne. À Torrède, la capitale onarque, les festivités autour du tournoi de Rampa, cette tradition séculaire, battent leur plein. L’archer assassin rôde toujours. Et le second Faucon du roi, un héros, est tué d’une flèche. Pour la jeune garde la tension est énorme alors qu’Aelis traverse, en compagnie du scribe blessé, des régions hostiles où un ensemble de personnes semblent déterminées à ne pas voir la vérité révélée…
À lire le scénario, à suivre les antagonistes qui sourdent entre les peuples, on ne peut s’empêcher de penser à des pays d’Afrique, à l’ex-Yougoslavie quand des masses populaires se sont déchirées.
Avec deux enquêtes menées dans des lieux différents, alternant les parcours d’Estèla et d’Aelis, la scénariste décrit le Vaste Pays et la cité de Torrède. On découvre ainsi la ville des hautes sphères aux bas-fonds. Le chemin de la guerrière traverse des terres où des populations bien différentes y vivent.
L’intrigue se développe sur des rancœurs, des rivalités pour le pouvoir, des luttes où les protagonistes sont prêts à tout pour atteindre leur but.
Elisa Ferrari au dessin et Axel Gonzalbo à la mise en couleurs illustrent plaisamment l’histoire. L’accent est mis sur les personnages sur leur expressivité et sur leur présentation tant vestimentaire que gestuelle. La dessinatrice offre des visages bien variés permettant une identification facile des intervenants.
Les décors servent avec un bel effet les diverses actions, combats, luttes. Le choix des couleurs apporte un accord brillant avec les ambiances et renforce la tonicité des celles-ci.
Un diptyque intéressant à suivre pour le propos et pour une intrigue mise en images de belle façon.
serge perraud
Gwenaël (scénario), Élisa Ferrari (dessin) & Axel Gonzalbo (couleurs), Le Serment de l’acier
– t.01 : Une gloire fantôme,
– t.02 : La Chute des seigneurs,
Bamboo, label “Drakoo”, juin 2020 et août 2021, 48 p. par album — 14,50 € chaque album.