Après et sous l’égide de Xavier de Maistre avoir fait voyager autour de sa chambre et de son appartement dans Intérieur, Thomas Clerc fait crever l’abcès du sens en un livre de descente non en enfer mais dans sa cave.
Il avait en effet omis de l’explorer pendant ses trois ans de “scripturographie” (plans compris et inclus) dan son lieu de vie.
Ce que d’aucun pourrait estimer impossible et impensable, l’auteur le découvre par la porte secrète cachée au fond de sa cave. Séparé des autres, égaré en un tel lieu l’auteur joue avec des mots.
Ils constituent les traces maculaires de ses fantasmes.
Clerc nous plonge au fond de leurs abîmes vers un autre dont la langue signale l’absence. Il existe peu de pratiques aussi fortes.
La littérature proprement dite crée des limites d’un équilibre précaire capable de traduire une fragilité présentielle qu’il extrait des éléments les plus massifs (même s’il s’agit tout compte fait de silhouettes diaphanes) placés en feinte de lévitation.
L’auteur se frotte à des “lambeaux” d’espace et se dirige vers une sorte d’utopie de la vision. D’où la nécessité de cet échange entre la matière et le texte ainsi que l’intensité d’une attention portée à l’espace par ce qui devient une “méthode” paradoxale de reconstruction d’une “vérité” d’incorporation.
jean-paul gavard-perret
Thomas Clerc, Cave, Gallimard, collection L’arbalète/Gallimard, Paris, 2021, 288 p. — 19,00 €.
” Attention , reconstruction , incorporation ” . Procrastination dans l’air …