Un centenaire particulièrement vert !
Tarzan, ce personnage de légende universellement connu, a fêté le centenaire de sa naissance en octobre 2012. Il est né sous la plume d’Edgar Rice Burroughs, un représentant de trente-six ans, qui voulait améliorer sa situation financière, la vente de taille-crayons ne suffisant pas à faire vivre sa famille. C’est à l’automne 1911 que Burroughs commence à écrire un récit dont il envoie la première partie à la revue All-Story. Ce roman met en scène John Carter, un jeune chercheur d’or, transplanté sur la planète Mars. Il plaît à Thomas Metcalt, le rédacteur en chef, qui le publie de février à juillet 1912. L’auteur débutant reçoit un chèque de quatre cents dollars. Sur les indications de Metcalt, qui flaire un bon auteur, il rédige The Outlaw of Thorn un roman historique qui se déroule pendant la guerre des Deux Roses. Mais, par deux fois ce texte sera refusé. En revanche, les aventures de John Carter ont du succès et les lecteurs réclament un autre récit de l’auteur.
De décembre 1911 à mai 1912, Burroughs écrit une histoire intitulée Tarzan of the Apes, qui a pour cadre l’Afrique. Il est publié en octobre et soulève un tollé car le romancier ne respecte pas les règles tacites du roman populaire, surtout en matière de conclusion : son récit se termine mal ! Il faudrait une suite, mais, dans l’esprit de son auteur, cette histoire est finie. Il ne veut pas continuer avec ce personnage. Il pense plutôt à Carter et la planète rouge. Son éditeur le convainc et, de décembre 1912 à janvier 1913, il rédige The Return of Tarzan et pense en avoir fini avec Tarzan. Il ne sait pas encore qu’il va écrire, en tout, avec ce héros, vingt-sept romans et quinze nouvelles.
La présente édition réunit les cinq premiers romans de la saga :
– Tarzan, seigneur de la jungle (Tarzan of the Apes – 1912)
Lord Greystoke et son épouse, rejoignent le poste que John va occuper en Afrique. Une révolte éclate sur le bateau et les mutins abandonnent le couple sur une plage en bord de jungle. Quelques mois plus tard, la jeune femme accouche d’un petit garçon dans la cabane que son mari a construite. Face aux multiples dangers, ils meurent. L’enfant est emporté par une guenon qui vient de perdre son bébé. Au fil des ans, Tarzan devient une véritable force de la nature, affrontant les fauves. Quand il découvre la cabane dans laquelle vivaient ses parents, il va comprendre en feuilletant les nombreux livres, qu’il n’est pas un singe comme les autres. Tout seul, il apprend à lire. La rencontre avec d’autres humains est le point de départ de nombreuses aventures.
- Le retour de Tarzan (The return of Tarzan – 1913)
Si le premier volume raconte la jeunesse de Tarzan et son départ vers la civilisation, le deuxième relate le chemin inverse. Le héros revient dans sa jungle, fait ami avec Tantor l’éléphant et la tribu des Waziris. C’est dans ce tome qu’apparait Nicolas Rokoff, le russe, qui devient son ennemi le plus acharné.
- Tarzan et ses fauves (The Beasts of Tarzan — 1914)
Sheeta, la panthère qu’il a domptée dans une île inconnue, va se révéler une précieuse alliée pour lutter contre Rokoff, qui a enlevé Jack, le fils de Jane et de Tarzan.
- Le fils de Tarzan (The Son of Tarzan — 1915)
Tarzan a rejoint la civilisation avec Jane et Jack. Mais ce dernier a une passion pour la jungle et les animaux. Âgé de dix ans, il va vivre des aventures épiques.
- Tarzan et les joyaux d’Opar (Tarzan and the Jewels of Opar – 1916)
Tarzan est retourné dans la jungle, mais il est amnésique. Peu à peu, ses souvenirs reviennent. Parallèlement, Jane est en butte à tout un groupe de méchants. C’est la première incursion du héros dans des cités oubliées, disparues…
L’ouvrage est complété par une préface érudite de Claude Aziza et par un abécédaire qui reprend les grandes lignes de l’univers d’Edgar Rice Burroughs. Tarzan, qui signifie Peau blanche, est le fruit, la synthèse d’une multitude de sources et de références tant mythiques, mythologiques, littéraires que réelles. ERB a été inspiré par les romans de Rider Haggard, en particulier les aventures d’Allan Quartermain, par Mowgli de Rudyard Kipling, par Remus et Romulus, les fondateurs de Rome allaités par une louve, par des témoignages sur des enfants sauvages recueillis régulièrement. Il a subi, sans doute, bien d’autres influences, conscientes ou non. Il a également profité de la fascination qu’exerce l’Afrique au début du XXe siècle, ce continent vierge qui commence à être découvert.
Les romans sont avant tout des récits populaires avec la spontanéité, le naturel qui fait leur charme, mais aussi avec les imperfections inhérentes à une écriture rapide. On retrouve la richesse des intrigues, les tics d’écriture. Burroughs apprécie les mutineries, les naufrages et il ne se prive pas d’en placer dès que l’occasion se présente. Les lecteurs aimaient les scènes de jungle. Qu’à cela ne tienne, il les multiplie. C’est un grand plaisir de retrouver l’œuvre originale, telle qu’elle a été conçue par le romancier.
serge perraud
Edgar Rice Burroughs, La Légende de Tarzan, Edition et préface de Claude Aziza, traduction de l’anglais (États-Unis) de Marc Boudoux, Omnibus, septembre 2012, 1164 p. – 29,00 €.