Henri Lefebvre, Neumes

Rien ne peut revenir

Le terme du titre « neumes » renvoie à la notation musicale. Il permet de préciser le rapport privilégié entre écriture et musicalité. Pour autant, cette jonction ne se fait pas pour un goût de l’élégance du phrasé mais par sa justesse.
« Chaque mot écrit est un mot prononcé et je corrige ensuite le texte jusqu’à obtenir ce que j’appelle le « bon son » » écrit l’auteur.

Le tout pour évoquer une femme « détachée » et parfaitement inaccessible mais qui enclenche un discours amoureux d’un genre particulier.
L’embarras de l’écriture traduit celui de « l’amoureux » plus ou moins éconduit et qui est contraint à transformer le réel en trouble ou rêverie.

L’ensemble dans une histoire et une écriture qui ne peut finir. Entre deux sujets ou deux objets de pensée, rien ne peut retenir ou revenir. Fidèle à sa poétique, l’auteur entretient ce texte dans un état instable.
Il permet habilement de le maintenir « dans un état infiniment prometteur ».

La ligne droite du discours est inenvisageable. Tout entre en un jeu d’intervalles qui affirment les dispositions au changement.
Dans ce but, l’auteur privilégie la division qui est selon lui plus proche de l’activité humaine là où tout est contingent, aléatoire, interruption et reprise.

Et l’auteur de préciser : « J’écris en répondant au rythme naturel des données qui me sont transmises et ces données sont très disparates, elles respectent souvent le bizarre et le mouvementé ».
Rien donc de rectiligne et de sage là-dedans.

jean-paul gavard-perret

Henri Lefebvre, Neumes, L’Ours Blanc n° 30, Éditions Héros-Limite, 2021, 24 p. – CHF 5.

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