Répondant à l’injonction de Marcel Duchamp pour définir l’activité artistique et littéraire : « les porteurs d’ombre travaillent dans l’infra mince”, Butor s’y attela avec la photographie toute une partie de sa vie mais en porteur de lumière.
Photographe ou lui-même photographié (par Doisneau et surtout par Maxime Godard qui fit 18 000 portraits de l’auteur) ou poète et essayiste de cet art, il n’eut cesse de le remettre en cause comme la notion de livre lui-même.
Son travail avec Eric Coisel le prouve.
Cette triple exposition permet d’embrasser un récit polyphonique des formes dont « l’infra-mince » pourrait être un des repérages là où l’énergie s’accorde à la justesse du vivant. Butor savait que l’art et la littérature s’inventent tout autant par des formes denses que par des formes à peine saisissables.
Son travail s’inscrit dans la survivance des enjeux fondamentaux de la pratique littéraire et photographique. Pour s’en convaincre il n’est qu’à relire les volumes de Répertoire — ou de reprendre ses recherches de protocoles renouvelés de la création contemporaine (Sur le Polaroid par exemple).
Ce fut le cas avec Philippe Colignon — pour lequel Butor écrivit L’humus inscrit — comme avec Coisel déjà cité.
Il chercha avec eux un point de calme porté par une inspiration profonde qui réveilla sa puissance créatrice.
jean-paul gavard-perret
Michel Butor, La photographie est une fenêtre, Archipel Butor, Lucinges, du 26 juin au 27 novembre 2021.