Kira Weber touche juste. Elle traverse les narrations induite dans ses natures mortes en victoire sur le temps. Son œuvre est autant réaliste que paradoxalement fantastique.
L’artiste y jouxte le silence, le fait reculer non dans la proximité du lointain mais dans le lointain de la proximité.
Dégageant ce qui est de l’ordre du spectacle et de l’évènement, elle touche au mystère du réel.
Ne cherchant ni à distraire ni à instruire, elle inquiète la vision en sondant l’obscure clarté du monde dans l’attente d’un paradis sur Terre mais en toute lucidité.
La porte de l’invisible passe par ce qui est. Mais la Genevoise ne cherche pas à jouer les Pythie : elle laisse cela aux artistes choucas à la rhétorique chauve.
Elle préfère accorder au réel une puissance car, pour le magnifier, elle fait preuve d’une qualité technique que beaucoup de peintres ignorent.
Chez elle, si une rêverie se propage, c’est autant par le dessin que les couleurs veloutées. Sans clinquant, son œuvre impose non un simple charme mais une sidération.
Elle représente autant l’inverse du luxe de pacotille que de la réserve de l’avarice.
Demeure une constance dans une perfection très typique et qui ne se dément jamais.
C’est de là sorte que l’idée de réalisme respire autrement.
jean-paul gavard-perret
Kira Weber, Huiles 1994–2007, Huiles 2007–2009, Pastels 2003–2011, éditions Patrick Cramer, Genève, 2009, 48 p. — 20 chf.