Alexine & Fabrice Meddour, La Fille du quai

Un conte sombre et tragique 

Un vieil homme raconte com­ment Hau­rel est entré dans leur famille, com­ment il l’a trouvé près des restes d’une calèche tom­bée d’un pont. Il sem­blait dor­mir alors qu’à côté de lui son père était mort.
Une jeune femme se sou­vient, quand elle était gamine, de sa pre­mière ren­contre avec Hau­rel, ce gar­çon qui se déplace sans jamais tou­cher le sol, sau­tant de toits en piquets, de rebords en épaules. C’est là qu’il a vu une dame avec une ombrelle avant de tom­ber, brû­lant de fièvre et sem­blant déli­rer car il répé­tait sans cesse : «…une dame si belle, avec une robe si belle…» Il a vu la Fille du quai et subis­sait sa malé­dic­tion. Il fal­lait l’éloigner de la mer car il mourra au jour choisi par elle. C’était la rai­son de la fuite pré­ci­pi­tée en calèche.
Mais la com­mu­nauté qui a recueillie Hau­rel, par son errance, porte en soi son mal­heur. Sans le savoir, leurs péré­gri­na­tions les ramènent sur les lieux et des évé­ne­ments dra­ma­tiques se multiplient…

À par­tir d’un texte qui prend ses racines dans les arcanes des flots et d’un roman qui met en scène ce dépla­ce­ment par­ti­cu­lier, les scé­na­ristes concoctent une his­toire riche en matière d’intrigue et en péri­pé­ties. Mêlant avec adresse les tri­bu­la­tions d’un homme en proie à une malé­dic­tion et une his­toire cri­mi­nelle, le récit est pre­nant, atta­chant et d’une belle diver­sité de thèmes.
On retrouve la malé­dic­tion qui pèse sur un indi­vidu et qui, quoi qu’il fasse, le ramène tou­jours sur les lieux où doit s’accomplir son des­tin. L’amour et la jalou­sie s’invitent éga­le­ment dans l’intrigue. Les auteurs glissent nombre de clins d’œil en réfé­rence à des textes qui les ont mar­qués et des auteurs qu’ils apprécient.

Le des­sin réa­liste, en cou­leurs directes, illu­mine ce récit par la qua­lité de ses repré­sen­ta­tions tant pour les per­son­nages que pour les décors. Il donne des vues de flots, de ciels sombres, de pluies de fort belle fac­ture, des archi­tec­tures inver­sées du plus bel effet. L’emploi des teintes, par­fai­te­ment maî­trisé, impose une force évo­ca­trice et donne aux planches une atmo­sphère bien par­ti­cu­lière qui magni­fie le sujet.
Un bien bel album dont il ne faut pas se pri­ver tant sa lec­ture est attrac­tive et son gra­phisme un régal pour les yeux.

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serge per­raud

Alexine (scé­na­rio) & Fabrice Med­dour (scé­na­rio, des­sins et cou­leurs), La Fille du quai, Glé­nat, coll. “24x32”, juillet 2021, 64 p. – 15,50 €.

 

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