Un vieil homme raconte comment Haurel est entré dans leur famille, comment il l’a trouvé près des restes d’une calèche tombée d’un pont. Il semblait dormir alors qu’à côté de lui son père était mort.
Une jeune femme se souvient, quand elle était gamine, de sa première rencontre avec Haurel, ce garçon qui se déplace sans jamais toucher le sol, sautant de toits en piquets, de rebords en épaules. C’est là qu’il a vu une dame avec une ombrelle avant de tomber, brûlant de fièvre et semblant délirer car il répétait sans cesse : «…une dame si belle, avec une robe si belle…» Il a vu la Fille du quai et subissait sa malédiction. Il fallait l’éloigner de la mer car il mourra au jour choisi par elle. C’était la raison de la fuite précipitée en calèche.
Mais la communauté qui a recueillie Haurel, par son errance, porte en soi son malheur. Sans le savoir, leurs pérégrinations les ramènent sur les lieux et des événements dramatiques se multiplient…
À partir d’un texte qui prend ses racines dans les arcanes des flots et d’un roman qui met en scène ce déplacement particulier, les scénaristes concoctent une histoire riche en matière d’intrigue et en péripéties. Mêlant avec adresse les tribulations d’un homme en proie à une malédiction et une histoire criminelle, le récit est prenant, attachant et d’une belle diversité de thèmes.
On retrouve la malédiction qui pèse sur un individu et qui, quoi qu’il fasse, le ramène toujours sur les lieux où doit s’accomplir son destin. L’amour et la jalousie s’invitent également dans l’intrigue. Les auteurs glissent nombre de clins d’œil en référence à des textes qui les ont marqués et des auteurs qu’ils apprécient.
Le dessin réaliste, en couleurs directes, illumine ce récit par la qualité de ses représentations tant pour les personnages que pour les décors. Il donne des vues de flots, de ciels sombres, de pluies de fort belle facture, des architectures inversées du plus bel effet. L’emploi des teintes, parfaitement maîtrisé, impose une force évocatrice et donne aux planches une atmosphère bien particulière qui magnifie le sujet.
Un bien bel album dont il ne faut pas se priver tant sa lecture est attractive et son graphisme un régal pour les yeux.
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serge perraud
Alexine (scénario) & Fabrice Meddour (scénario, dessins et couleurs), La Fille du quai, Glénat, coll. “24x32”, juillet 2021, 64 p. – 15,50 €.