Depuis la mort de son époux, Tara, l’héroïne du roman, n’est pas soumise seulement à la douleur de la perte et à la solitude. Un autre tsunami se lève.
Débaroule du fond d’elle-même la fille qu’elle fut avant de devenir femme : “Elle ne se contente plus d’habiter mes rêves, cette fille. Elle pousse en moi, contre mes flancs, elle veut sortir et je sens que, bientôt, je n’aurai plus la force de la retenir tant elle me hante, tant elle est puissante.”
Dès lors, cette fille “perdue” fait d’abord “oublier les mots, les événements, c’est elle qui me fait danser nue.” Car celle qui eut jadis un autre prénom et qui croyait à la rémanence éternelle de l’enfance a été reprise par les ombres de son pays d’origine.
Et Natacha Appanah crée une plongée sensuelle et implacable dans un univers où il convient de lutter pour sauver l’intégrité de l’existence.
La romancière, plutôt que de se relever des décombres de la vie, donne libre cours à l’émotion de l’instant pour les ébranlements profonds qu’elle suscite. Cette captation est plus pertinente même si demeurent bien sûr des retours amont.
Ils obligent encore à exister face aux errances et aux erreurs qu’il convient de redresser.
Se crée l’inévitable infusion là où il convient de découdre les retours face au ciel éteint pour s’octroyer une mouvante remise de peine et aller plus loin vers ce qui échappe encore.
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jean-paul gavard-perret
Natacha Appanah, Rien ne t’appartient, Gallimard, collection Blanche, août 2021, 162 p. — 16, 90 €.
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