Les trois enfants Faldérault sont dans la mythique 4L et attendent, sous une pluie battante, le départ vers le Sud. Dans le couloir, Mado, la maman très enceinte, entend chantonner dans la pièce voisine. Elle se décide et va voir Pierre, son époux, travaillant sur une planche. Elle lui promet l’envoi de cartes postales et demande où sont les clés de la voiture. S’il ne réagit pas tout de suite, il se précipite annonçant qu’il finira son travail sur le lieu des vacances, dans leur calanque près de Marseille.
En Bourgogne, un camion en les doublant perd son chargement. Pierre évite les pavés, mais un panneau de signalisation crève le parebrise. Impossible de continuer, le garagiste n’aura pas la pièce avant quelques jours. Ils sont recueillis par Esther et Estelle, deux jeunes femmes qui tiennent une ferme, au lieu-dit Les Genêts, où ils peuvent planter leur tente. Pour la famille, les enfants, c’est la découverte de la vie d’une exploitation agricole, des animaux d’élevage, la vie à la campagne… C’est aussi la découverte d’une autre conception d’un couple, de la famille, un mode de vie qui, en France, dans les années 1970, suscite bien des rejets, des refus, du mépris et de la haine.
Zidrou invite ses lecteurs à un nouvel épisode des vacances de la tribu des Faldérault. Outre Pierre et Madeleine, il y a, par ordre d’apparition Julie, Nicole et Louis. Mais Madeleine porte un quatrième rejeton qui doit arriver en octobre.
Chaque départ se fait dans une 4L Estérel appelée Mam’Zelle, une voiture hérité des beaux-parents. Dans cet épisode, les protagonistes découvrent la vie à la campagne, les animaux d’une ferme. C’est également la transmission de la vie entre la grossesse de Mado et la mise à bas d’un chevreau par Mireille Mathieu, une chèvre.
Mais c’est aussi l’évocation de l’homosexualité, avec les difficultés de ces deux femmes à vivre selon leur inclinaison, selon leur désir, à partager un amour qui rapproche deux êtres humains. On retrouve certes quelques constantes qui relèvent d’un comique de répétition de bon aloi comme le départ en vacances retardé pour cause de planches à terminer, Julie qui essaie de se cacher pour faire pipi…
Jordi Lafebre est toujours au crayon et c’est un bonheur de retrouver son tait élégant, ses dessins réalistes qui penchent parfois vers une douce caricature. Il donne une vision des animaux de la ferme attendrissante et campe ses personnages d’une belle manière. Il soigne la mise en page, les détails et donne des décors attractifs. Le dynamisme de certaines scènes est fort bien rendu et les moments intimes, très agréables.
Avec ce sixième tome, Zidrou et Lafebre entraînent les lecteurs dans un voyage dans le passé, installant une nostalgie de l’enfance, des vacances en famille, mettant en scène les petites joies du quotidien, les plaisirs simples. Et c’est très beau!
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serge perraud
Zidrou (scénario), Jordi Lafebre (dessin), Clémence sapin & Mado Peña (couleurs), Les Beaux étés – t.06 : Les Genêts, Dargaud, juin 2021, 56 p. – 14,50 €.