C’est à partir d’une phrase d’un guide de musée : “Le pic vert enroule sa langue autour de son cerveau pour la protéger contre les trépidations quand il fore” que Chantal Dupuy-Dunier a trouvé son illumination pour ce roman.
Il devient le point de départ d’une recherche de l’invulnérabilité et de l’immortalité.
Tout pourtant n’est pas simple dans ce qui se veut un rêve qui appelle d’autres folies au sein de celles des hommes, ces “oiseaux de passage” selon la formule de Shakespeare que l’auteur cite en incipit.
A partir de là, tout un monde baroque s’anime entre des parents disparus d’une manière ou d’une autre, une jeune femme “aux yeux de pluie”, un cendrier grenouille que l’on trouvait souvent jadis dans les bars, un village d’Auvergne et bien d’autres éléments sans oublier les pics verts.
Ce livre saisit par son mystère et sa langue qui se veut accomplissement d’une chanson de geste salvatrice là où l’extérieur et l’intérieur se mêlent en un conglomérat qui n’a rien de pâteux mais qui, à l’inverse, transforme le roman en une bonne folie réparatrice et surréaliste d’un héros (Sylvain Breuil) pris de vertige.
Par sa technique et son imaginaire, la romancière (et poète) ne cesse de jouer sur les variations des agencements qui permettent parfois le déplacement de la fiction à travers ses accidents de parcours.
Tout pour elle devient le moyen de partir du monde et du moi afin de fonder un langage obstiné dans des formes qui touchent souvent à un épique et un lyrisme particuliers plein d’humour au second degré.
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jean-paul gavard-perret
Chantal Dupuy-Dunier, La langue du pic vert, éditions La déviation, 2021, 288 p. — 20,00 €.