Transformer les fantasmes de Jules Verne en réalité
L’écrivaine chilienne Francisca Matteoli a imaginé son livre comme une suite de récits fascinants de courses impressionnantes dans le luxe de moyens de transports désuets.
C’est une entrée vers l’ailleurs et l’inconnu de folies voyageuses dans un temps où la vitesse restait dérisoire eu égard à celle d’aujourd’hui. Le tout enveloppé de cuir d’un bleu profond.
Quatre cents archives photographiques, images, affiches, publicités illustrent des déplacements à bicyclette, à dos d’éléphant et de dromadaire, dans les airs et sur les mers. Mais il y a aussi un ensemble de petites histoires racontées par l’auteure. Elle a cherché moins l’exhaustif que le spectaculaire d’aventures connues ou passées aux oubliettes.
Passage de l’Atlantique Sud en hydravion, essor des funiculaires de Valparaiso permettent aussi de souligner des prouesses technologiques. Se retrouvent aussi les noms de pionniers inconnus dont nous sommes devenus les héritiers. Nous découvrons par exemple Roald Amundsen, premier conquistador du pôle Sud au gouvernail d’un brise-glaces, l’Américaine Fanny Bullock Workman qui roula à bicyclette d’Europe à Java ou encore Harriet Clark Fisher traversant les mers en bateaux, les terres en conduisant une locomotive, les fleuves en pirogues, pour rejoindre le Japon.
Ce ne sont là que quelques preuves racontées par l’auteur pour transformer les fantasmes de Jules Verne en réalité.
La Chilienne propose donc une redistribution de “cartes” dont les lieux restent énigmatiques dans des espaces donnés autant comme volumes que surfaces de rives enchantées.
jean-paul gavard-perret
Francisca Matteoli, Voyages extraordinaires, éditions Louis Vitton et Xavier Barral, 2021.