Bernard Chambaz fait concrètement l’expérience de la finitude, de la fragilité, du constat de la dissolution des corps dans le compagnonnage avec d’auteurs qui ont connu la même douleur que lui.
Il révèle en même temps que cette perte est une opération de creusement, d’incandescence et d’éclats.
Chambaz se débarrasse progressivement de ce qui l’encombre et ne retient que l’essentiel. Le chaos se retourne sur lui-même, la lumière se concentre. Elle efface les ombres du moins partiellement.
Du chaos aux échos, il y a là le signalement du retournement opéré, à travers le langage, dans la conscience de celui qui parle dans un automne traversier et un noyau de solitude élémentaire dans cette tentative impossible de lutter contre la mort par la conversation avec les disparus” et que le “Etc.” dans son abrègement souligne dans son mystère inépuisable.
Le texte devient lieu d’acquiescement et celui habitable dans la fragilité. La métamorphose et l’éphémère sont assumés avec une maturité absolue d’expression. Le discours poétique s’articule de manière oxymorique dont le “Etc” (en reprise de Mallarmé qui pourtant en proscrivit l’usage) reste le signe en rien banal dans son abrègement.
Son “suspens” devient néanmoins la recherche d’un sens à venir contre le “déchoir” et la conversation avec les défunts.
Transporté par la clarté froide de ses illuminations, ce livre écrit à l’écoute de Patti Smith reste un instrument d’exorcisme.
Demeurent la splendeur, la persistance d’une lumière du jour comme de la nuit.
jean-paul gavard-perret
Bernard Chambaz, Etc., Flammarion, Paris, 2021, 224 p.