Sandrine Destombes, L’Arlequin

Des femmes sau­va­ge­ment assassinées…

Dans L’Arlequin, San­drine Des­tombes détaille la seconde enquête de la sin­gu­lière com­mis­saire Maxime Tel­lier, appe­lée Max. Paru en jan­vier 2015 aux édi­tions du Crabe, puis aux édi­tions de Noyelles dans la col­lec­tion “Nouvelles-Plumes” la même année, ce texte a fait l’objet d’une réécri­ture com­plète pour la pré­sente édition.

Max s’ennuie un peu car les enquêtes inté­res­santes se font rares. Une dame d’un cer­tain âge se pré­sente à l’accueil et veut ren­con­trer un res­pon­sable car elle a des révé­la­tions à faire. Max la reçoit pour entendre cette femme racon­ter qu’un sérial killer sévit dans son immeuble du XVIe arron­dis­se­ment, où il y a eu trois morts acci­den­telles en peu de temps. Max ne prend pas l’affaire trop au sérieux et charge Paul de s’en occu­per car, entre-temps, Favre, son supé­rieur, l’a convo­quée pour aller faire la pro­mo­tion de la police dans le milieu sco­laire.
Ses équi­piers ont orga­nisé une grande soi­rée pour fêter ses cinq ans en tant que com­mis­saire à la Cri­mi­nelle. Réti­cente, elle a, cepen­dant, le plai­sir de retrou­ver Alex, l’épouse du capi­taine de gen­dar­me­rie de Lisieux, ren­con­trée dans une pré­cé­dente affaire (La fai­seuse d’anges, Hugo, 2020). José, un de ses col­la­bo­ra­teurs, lui pré­sente Fabio, un frin­guant com­man­dant aux Stups.
Mais quand Bré­mont, un capi­taine de gen­dar­me­rie du dépar­te­ment des sciences du com­por­te­ment, passe par la voie hié­rar­chique pour la voir car des meurtres, selon le même mode opé­ra­toire, reprennent dans la sud de la France, elle est direc­te­ment concer­née. Cela res­semble fort à la pre­mière affaire qu’elle avait réso­lue avec Enzo, son men­tor, il y a douze ans. Il lui faut affron­ter le passé, dou­ter de leurs convic­tions, des résul­tats de leur enquête, des erreurs com­mises…. Elle va se retrou­ver confron­tée à l’horreur car…

Dans ce roman, l’auteure relate deux enquêtes de son héroïne fétiche, une série d’accidents qui touchent des habi­tants d’un même immeuble et une affaire qui resur­git, démon­trant que sa conclu­sion était erro­née et que le véri­table assas­sin était passé entre les mailles du filet. Ce constat est d’autant plus frus­trant pour Max que la recherche était menée par le poli­cier qui l’a for­mée, que c’était sa pre­mière enquête d’importance.
Le fait qu’Enzo ait failli, qu’elle n’ait rien vu, est désta­bi­li­sant, voire culpa­bi­li­sant, ris­quant de faire tom­ber de son pié­des­tal l’enquêteur auquel elle est si attachée.

Sandrine Des­tombes met alors sa com­mis­saire sous une forte ten­sion, l’amenant à col­la­bo­rer avec un ser­vice qui n’est pas le sien et à devoir res­pec­ter des pro­cé­dures aux­quelles elle n’est pas habi­tuée étant, par nature, un élec­tron libre. Paral­lè­le­ment, à son exis­tence pro­fes­sion­nelle, Max a de gros sou­cis avec sa vie pri­vée, sen­ti­men­tale.
Si la pré­cé­dente affaire a per­mis d’éclaircir, sans pour autant gom­mer les trau­ma­tismes, des faits qui jusqu’alors empoi­son­naient sa vie, elle n’est pas encore prête à une vie amou­reuse épa­nouie. Et pour­tant, il semble qu’une belle occa­sion se pré­sente pour réus­sir à sau­ter le pas.

La roman­cière entoure son héroïne d’une gale­rie étof­fée et variée de pro­ta­go­nistes, qu’ils soient poli­ciers ou non. Le récit monte en ten­sion jusqu’à un paroxysme pour une affaire, alors que pour l’autre la conclu­sion est magni­fique, s’appuyant sur l’empathie que l’on res­sent pour la situa­tion.
Avec un style ner­veux, une écri­ture fluide, San­drine Des­tombes signe un superbe roman qui se découvre avec délec­ta­tion tant les per­son­nages sont cam­pés et l’intrigue bien ficelée.

serge per­raud

San­drine Des­tombes, L’Arlequin, Hugo poche n° 309, coll. “Sus­pense”, juin 2021, 400 p. – 7,60 €.

Leave a Comment

Filed under Pôle noir / Thriller

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>