Une nouvelle fois, Laurence Skivée plonge vers l’épure et l’essentiel. Jaillit une transparence à la vie de chaque instant.
Quelques mots sont présents pour dire l’essentiel du corps qui traverse le temps avec maîtrise si bien que “Parler de Diaphane c’est parler de sa lumière.”
Celle qui reste une “border line (…) à l’oeuvre du rien”, parle non pour ne rien dire mais retenir l’essentiel en feignant de ne pas y toucher : elle parle et oublie. Voire… La beauté émerge du banal en mettant en exergue la beauté des coïncidences et en mêlant humour au second degré et profondeur. Laurence Skivée cultive le paradoxe vu l’improbabilité d’un centre.
Troubles et défaillances créent des trajets d’une fuite à répétition. Le peu inscrit odyssées et chutes entre crêtes et creux.
Les paroles demeurent germinatives dans un corpus de reliques qui rendent la vie plus vive sans jamais s’appesantir. Entre fuite et fixation, toute pensée après peu de temps s’arrête mais pour entrer dans — peut-être — l’irréalisable. Au besoin, Laurence Skivée coupe à mi-chemin pour mieux repartir sans jamais se satisfaire de ce qu’elle vient d’écrire et se préparant à autre chose.
C’est là un combat avec le corps pour faire face au monde opaque.
L’auteure se remet en selle autant par instinct que par intelligence. Si bien que l’isolée ne cesse d’établir des rapports d’elle à elle, à nous et à bien des impressions aussi passagères qu’à leur manière renversante dans une suite de coïncidences défaites. La créatrice les rectifie patiemment à travers une poétique du corps et ses raisons souvent particulières.
Ce livre en devient le “process”.
jean-paul gavard-perret
Laurence Skivée, Diaphane s’installe, L’Ane qui butine, Belgique, 2021, 172 p.