Louis-Marie-Julien Viaud aka Pierre Loti (1850 — 1923) fut officier de marine, écrivain et membre de l’Académie française. Il a laissé une œuvre riche et variée, constituée de romans, de récits de voyages mais aussi d’écrits autobiographiques.
Son existence intime fut très mouvementée. Il en vécut une partie entre deux “épouses” pour assurer sa descendance et connut avec une riche genevoise un amour compliqué et illicite. Mais son érotomanie ne s’arrêta pas en si bon chemin et ses amours bi-sexuels furent nombreux et variées.
La figure centrale resta pour lui sa mère. On se souvient de son lapsus lors de son décès “ma mère vient de m’ouvrir”.
Celui qui navigua entre mère et mer, peur de l’abandon et l’exil, dépression et exhibition débuta très vite une longue série de voyages dans le monde entier.
Entre autres à Tahiti où il sera baptisé « Loti », qui désigne une variété de laurier rose. De son expérience tahitienne, il tirera en 1880 le roman Le Mariage de Loti, qui entretient la confusion entre fiction et réalité.
Un an avant, son premier roman Aziyadé, publié sans nom d’auteur, révéla un auteur qui par son traitement de la fiction fut un précurseur du nouveau roman.
C’est pourtant avec Pêcheur d’Islande et Ramuntcho qu’il connut le succès qui fit de lui un auteur toujours présent et dont la biographie donne une superbe traversée de ses transgressions qui cachent une personnalité aussi attachante que compliquée. Alain Quelle-Villéger le rappelle sans voyeurisme et surtout en mettent l’accent sur l’essentiel de celui qui fut partagé entre goinfrerie existentielle et gouffre.
Ce qui ne l’empêcha pas de multiplier ses propres personnages et masques au sein de fête qu’il organisait dans sa ville natale afin de dire leur fait aux bourgeois de la cité qui avait “condamné” son père.
jean-paul gavard-perret
Alain Quella –Villéger, Pierre Loti, une vie de roman, Calmann-Lévy, Paris, 2019.