Linda Tuloup, Feu

Re-père

Il y a l’image fixe — mais qui bouge. Len­te­ment. Il y a les mots épars dis­joints. Pas n’importe les­quels. Ni de n’importe qui. Les mots lan­ci­nants sur des plans géné­raux.
Vague. Ecume. L’image. Brû­lante. D’où le feu et les dépla­ce­ments. Entre la nuit et le jour qui se super­posent. La route (un peu). L’amour — peut-être le plus fort. Le vent, le vent, le vent.

L’image et son néga­tif — le por­trait et son trou. Un père. Le père. Et ses repères si long­temps enfouis.
Mais pas de pathos. Juste le ciel.

Et la musique qui ponc­tue le silence. Elle. Qui vient, revient, se rap­pelle sans s’épancher. Dans le rouge. Et le blanc.
Un chant. Un chant scandé. Pour tout dire. Du coeur. Et du corps dont sou­dain la par­tie gauche fut entra­vée dans ce retour amont.

Se livrer non pour se déli­vrer mais pour dire et pour mon­trer de la manière la plus pudique et par le plus vibrant hom­mage. Quelle forme don­ner au visage du dis­paru ? Sinon la défer­lante et le feu.
Celui qui fut avant la réa­li­sa­trice est en elle, voire après elle. Triple incar­na­tion pour une renaissance.

Linda Tuloup est la seule à la sau­ve­gar­der. Par l’image ten­due de la fille au père, d’une berge à l’autre en ce feu sou­ter­rain qui éclot sou­dain de l’engendrement à l’amour éter­nel.
Le feu, le feu du feu et sa trou­blante obscurité.

Que l’image apaise là où l’amour ne peut s’épuiser. La mort hébraïque n’existe pas car la vie veille dans une telle élé­gie visuelle au moment où l’aimante est comme entraî­née par la mer vers la terre qui res­tera pro­mise et où la réa­li­sa­trice un temps éga­rée, dépay­sée aborde.
Par son film, elle s’y s’élance.

Feu reste le chant pre­mier inau­gu­ral sans qu’elle soit l’otage d’une mélan­co­lie mais l’orante émer­geant de sa chry­sa­lide pour un éter­nel retour.

jean-paul gavard-perret

Linda Tuloup, Feu, film pho­to­gra­phique, Fes­ti­val Paris l’été, Du 15 au 31 juillet 2021, Lycée Jacques Decour, 75009 Paris.

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