Philippe Thireau, Cinéma Méphisto

Le désir de l’image par l’image

Entre Paris et Lau­sanne, la belle Abri­cot, déga­gée des pièges du marieur fou, et Gabon s’enfoncent déli­cieu­se­ment grâce à l’auteur dans un monde qui se par­tage entre le cinéma (beau­coup) et la réa­lité (un peu).
Si l’affect est par­tie pre­nante et l’érotisme aussi, la farce reste en dominante.

Le plai­sir se délecte à chaque page dans ce roman noir sur fond noir et écran blanc. Sté­ve­nin et Godard y règnent en maîtres même si le second est en situa­tion périlleuse. Et dans ce texte, tous les cli­chés s’effacent pour expri­mer le désir de l’image par l’image que le roman n’apprivoise pas mais laisse vivre tout en le dépas­sant en divers moments farces.

Existent une suite d’évasions et de caval­cades de Paris et sa ciné­ma­thèque (entre autres) et Lau­sanne (et son maître cinéaste). Les héros ne sont pas for­cé­ment révol­tés car ils ont mieux à faire — dont se défaire de cer­tains mal­frats.
Dès lors, le livre avance en une fuite en avant. Les flash-backs sont — de facto — induits dans la matière même de l’histoire.

Pour le reste, tout avance vers le lac Léman là où ce gars bon de Gabon fait du paddle. Là où, aussi,  l’ordre est moins du réel que de la fic­tion.
Et le stylo-caméra n’est plus une image. Jusqu’à ce que J-L G sor­tant de son marasme achève l’histoire par un défi­ni­tif “coupez”.

Ce qui est peut-être injus­ti­fiable tant ce road-movie en ses moments farces nous ravit.

jean-paul gavard-perret

Phi­lippe Thi­reau, Cinéma Méphisto, éditions Douro, coll. Bleu Tur­quin, Paris, 2021, 88 p. — 15,00 €.

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Filed under Poésie, Romans

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