Dans les bas-fonds de l’Amazonie
À Bélem, dans le nord du Brésil, l’auteur suit une série de personnages, dont Gio, marié à Zaza, une naine avec qui il tient une boîte de nuit ; Paulo, devenu policier pour se sortir de la misère et amoureux depuis le lycée de la très belle Paula, elle-même petit génie des mathématiques qui se sert de ce don et de sa beauté pour plumer les pigeons au poker (alors que les jeux d’argent sont illégaux au Brésil, même si les malfrats locaux font leur fortune grâce aux tables et salles clandestines).
En parallèle, un chirurgien reconnu se transforme en Mr Hyde la nuit et assouvit ses pulsions en étranglant des clochards et autres toxicomanes dans la rue.
Chez Edyr Augusto, l’écriture est simple mais juste et la description qu’il fait de sa région natale ne correspond en rien à l’image de carte postale des plages de Rio. Ici, tout est noir et glauque, sale, l’argent règne en maître et il est à l’origine de toutes les violences, au mépris de la vie humaine. Dans Casino Amazonie, comme dans Pssica, aussi paru chez Asphalte en 2017, ça dézingue à tout va.
Le lecteur est prié de ne pas trop s’attacher aux personnages : d’une part parce que même les honnêtes et les gentils finissent par se salir et d’autre part parce qu’ils risquent fort de ne pas survivre jusqu’à la fin du livre.
Le parti-pris stylistique d’Edyr Augusto est reconnaissable à sa façon de placer dialogues et récit sur le même plan, dans un flux verbal qui emporte et immerge le lecteur dans les bas-fonds comme dans les échanges entre les personnages. Évidemment, ce choix peut déstabiliser (qui parle ? est-on dans le récit ou un dialogue ?), mais ce qui ressort du roman, c’est avant tout sa force et sa vitalité morbide.
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agathe de lastyns
Edyr Augusto, Casino Amazonie, traduit du portugais (Brésil) par Diniz Galhos, Asphalte, mars 2021, 208 p. – 20,00 €.