France Burghelle-Rey se livre dans La maison loin de la mer à un travail d’auto-analyse rarement porté à un tel point de précision.
L’ouvrage “colle” parfaitement à l’esprit de la collection “La diagonale de l’écrivain” dont le but est de mettre en évidence “la fabrique” de la création.
Poétesse et critique, membre de l’Association des Amis de Jean Cocteau, elle a publié une quinzaine de recueils et des romans et de nombreux textes en revues. Elle a travaillé aussi avec le peintre Georges Badin et la graveur Hélène Baumel pour un certain nombre de livres d’artistes.
Ce livre ausculte au plus près la psyché de l’auteure dont elle trouve elle-même la définition dans un texte de Michel Leiris : “un livre qui ne serait ni journal intime ni oeuvre en forme, ni récit autobiographique, ni oeuvre d’imagination, ni prose ni récit mais tout cela à la fois”.
“Oeuvre in progress” et marginaglia — toutefois centrale -, le texte est celui fait pour ceux qui ont besoin d’espérance : même ceux qui, loin de la maison de l’auteure, marchent au bord de la mer.
Il faut qu’ils retiennent les fragments d’aube d’une créatrice qui a choisi encore et toujours la promesse de vie que chacun entend en lui-même au sein du peu qu’il est.
Empoigner ce qui demeure comme une poignée de terre promise pour la jeter plus haut, telle est l’ambition de France Burghelle-Rey.
Jusqu’au fond du sommeil, elle traque la clef enfouie au fond d’un pot de roses.
Ses mots sont toujours un peu de leur chair inséparable jusqu’à ce qu’il fasse jour. Pour un temps, et à nouveau suspendus au-dessus de l’abîme, le corps pareil à une seule ombre pour la même brûlure cherche son centre à travers les mots des autres comme les siens.
Il y a ce resserrement, cette ouverture. Une étendue quasi scénique. Le lecteur se sent emporté. Un mouvement secoue et déplace les lignes.
De cette “maison il voit le fond de la mer là où l’effervescence de l’esprit reste une constante.
jean-paul gavard-perret
France Burghelle-Rey, La maison loin de la mer, éditions Douro, coll. La diagonale de l’écrivain, Paris, juin 2021, 68 p. — 15,00 €.