En un superbe écho et divers suites de “repons” que Richard Meier avais mis à jour dans Pour rien Beaucoup de bruit (tout en célébrant la plus surprenante partition de John Cage qu’il rencontra à Metz), Cosculluela reprend une telle mise et la poursuit.
Et ce, dans une géographie ou un espace parfait d’édition. Car — si en écriture comme en musique le visible “s’abstrait”, s’absente, imagine l’invisible — prendre et reprendre dans les mains l’objet livre crée un cheminement synesthésique.
Celui dont Cage a rêvé et celui que Meier ne cesse de créer dans ses étalements et perçages.
Cosculluela s’introduit dans cette perspective de nudité. Citant Maldiney, il rappelle que “qui ouvre le livre ouvre le monde”.
Certes, à la seule condition que, comme se soulève la robe d’une femme, ses dessous à la fois fascinent, sidèrent, inquiètent
Face au plaisir tu surgit celui qui, a défaut de tuer, reste un trouble inchoatif, murmure murmurant de voix qui ont disparu mais qui soudain, dans le strip-tease chaque fois recommencé du livre, se déplient.
Surgit de l’obscur la lumière qui, moins que déplacer les lignes, remet chaque fois en cause leurs limites là où, à priori et jusque-là, le silence se faisait.
Il s’agit de le défaire et d’en dérober ce qui peut l’être.
jean-paul gavard-perret
Jean Gabriel Cosculluela, Le livre nu, Beaucoup de bruit pour rien &…, Encres de Richard Meier, Voix Editions, Elne, juin 2021.,
Richard Meier, Pour Rien Beaucoup de Bruit (Idem)